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SERIAL DREAMER

STEVEN LE HYARIC

PAR ROMUALD VINACE PHOTOS PEHUEN GROTTI

Insatiable aventurier, ancien cycliste élite, Steven Le Hyaric Le Dakarecord est tombé au prix d’un, voire deux Ironman
a traversé le Népal, l’Himalaya, avalé le Paris-Dakar à vélo, par jour pendant... 20 jours. Quelques lignes et me voilà
côtoyé l’Everest, dompté le désert Omanais... À tout juste déjà à bout de souffle. Vidé.
33 ans, ses exploits le place dans la catégorie des hommes
qui compte. Sans frontières, sans pays mais avec des « Au Népal, j’ai appris sur moi, sur les autres
messages forts. La planète au cœur, les peuples et leurs et sur la vie. J’ai appris à être derrière, à être
cultures tout près... un rêveur assumé aussi bluffant que second mais j’ai encore gagné en humilité »
captivant.

Jusqu’au bout de l’effort, au bout de lui-même... une « Aller au bout des choses, essayer de se comprendre, c’est
habitude, une philosophie de vie. Son élixir. Demandez aussi cela, un Ironman. Quand tu passes la ligne, tu es fier.
à Stéven Le Hyaric de se poser, il enfourchera son vélo Fier d’être allé au bout. Se battre, s’accrocher, voilà ce qui est
pour rejoindre le Mont Ventoux, il chaussera ses pompes beau. Quelque part, le coureur s’accomplit ». Difficile à suivre
pour se mesurer à l’Everest et passer trente jours dans Stéven, mais tellement captivant que je le rattrape de
la Vallée du Khumbu. Non, ça, c’est fait ! Trouvez autre justesse. Ouf !
chose mais trouvez, et vite. Infatigable. Aventurier dans
l’âme, congénital, il revendique sa soif de découverte, « Physiologiquement, les contraintes sont semblables. Le
cette envie d’apprendre à chaque seconde là où d’autre, triathlète fait 180 bornes, moi 280 ou 300. Nous nous
plus terre à terre, vous lance à la cantonade : « Je veux rejoignons bien dans cet effort-là ». Que dire alors de sa
m’ouvrir au monde », sans jamais franchir les frontières formidable échappée dans l’Himalaya ! « Que de pensées
de sa commune. Stéven lui, parcourt le monde et s’en en instantané, de projets qu’il a fallu produire, créer et ce n’est
empreigne. Pour de bon. Pas de frime, pas de bling- bling. pas fini ! Le Dakarecord, par exemple, c’est encore six mois
Du vrai, comme lui. La barbe de quelques jours ou plus, de travail, de documentaires à monter... L’aventure ne s’arrête
les stigmates d’une course folle encore visibles. Du finalement jamais en réalité ». Une vocation qui le happe de
Dakarecord, il gardera pour toujours dans les jambes les jour comme de nuit. Deux livres sont à écrire... une paille.
6 300 km et les 26 000 de dénivelé positif avalés en 480 Se préparer physiquement, mentalement, tout optimiser
heures. Une folie ? Non ! Signé Le Hyaric, tout simplement. avant le grand saut dans l’inconnu. « Je me jette à l’eau
Le gars est réfléchi, posé (oui, oui), tranquille, prévoyant, comme le fait le triathlète au départ de sa course, à l’aube
prévenant quand il vous lance un franc « porte toi bien  !  » de sa quête, sans vraiment trop savoir ce qui l’attend un peu
avant de s’élancer vers d’autres projets. Un homme pressé. plus loin, là-bas, au bout de la route ». Pas la route de Jack
Les kilomètres dessinés à grands coups de pédales entre Kérouac. Celles des forçats du bitume. Des doux dingues !
Paris et Dakar, comme un clin d’œil à Pierre- Georges Depuis le Népal immortalisé en VTT et en version alpiniste
Latécoère, qui, en décembre 1918, imagine déjà une – la machine de 13 kg parfois sur l’épaule -, Stéven Le
ligne aérienne reliant la France au Sénégal en passant par Hyaric reste insatiable. 100 jours ne suffisent pas... « C’est
l’Espagne et le Maroc. Comme un salut aux pionniers Jean ma vie », dit-il, comme une évidence. « Au Népal, j’ai appris
Mermoz, Antoine de Saint-Exupéry... sur moi, sur les autres et sur la vie justement. J’ai aussi appris

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