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RENCONTRE





        Cela me semblait être la période idéale.          Le Piton des Neiges, c’était “ouf” comme
        Je suis arrivé à la Réunion une semaine           truc !
        avant ma tentative en ne connaissant
        qu’une bonne moitié du parcours. Le
        reste, je n’y étais encore jamais passé,   continué une bonne partie avec moi. Et  La Ribambelle», qui permet aux petits
        juste vu quelques photos ! J’ai donc re-  heureusement car 4h de descente c’est  enfants malgaches malades de venir à
        pris les temps de l’ancien record (4h52),   long !                      la Réunion pour se faire soigner, se faire
        en me disant que je pouvais gagner du                                   opérer et vivre !
        temps par là et peut être là-bas, ou   Quel était le but de ce projet ? Juste
        encore ici… Et je suis arrivé comme ça  effectuer  un  record,  palier  l’annu-  La  Diag’  justement,  en  2019…  er-
        sur une prévision de 4h40. Sans vouloir  lation du Grand Raid, ou aller cher-  reur de parcours (pour bon nombre
        être trop optimiste, j’ai rajouté 5’ ce qui  cher quelque chose au fond de soi ?  de concurrents de tête) suite à un
        m’a donné 4h45. Loin d’une préparation  C’était tout un ensemble de choses. Je  mauvais balisage de l’orga. Beau-
        idéale et d’une optimisation de résultat  trouvais cool l’idée de partir d’un point  coup de kilomètres parcourus
        ça c’est sûr ! Cela dit, j’étais à la minute  A  puis  d’y revenir. Et  quoi  de  mieux   “inutilement”, qui épuisent physi-
        près à tous les pointages. J’ai gagné 5’  que  de  partir  du  niveau  0,  de  la  mer,   quement et mentalement… et une
        dans le dernier tronçon “Gite du Piton  pour rejoindre le plus haut sommet de   6ème place malgré tout au final.
        des neiges – Sommet”, que je réalise  l’île.  Cette  tentative  de  record  fut  un   Penses-tu que tu avais la gagne
        en tout juste 40’. Il est évident qu’avec  prétexte  à  ma cavalcade  pour  mettre   dans les jambes ce jour-là ?
        une préparation plus minutieuse, il y a  en avant les paysages splendides des   Difficile à dire forcément après coup,
        moyen d’encore descendre le temps.  hauteurs de l’île, avec des points de vue   mais je n’en aurais pas été loin ça c’est
                                            à couper le souffle. Du coup, la réali-  sûr ! La dynamique de course est impac-
        C’est un effort vraiment difficile car on  sation d’un film de haute qualité était   tée de manière irrémédiable au moment
        se bat contre la montre et non pas des  également au centre du projet, tout   même où nous décidons de faire demi-
        adversaires. On doit sans cesse relancer  en mettant en avant les partenaires   tour et donc de continuer la course. Nous
        l’allure, éviter de trop temporiser. Alors  qui me soutiennent à l’année. Faire de   avons à peine 20 km au compteur, mais
        avec l’altitude et la distance sur la fin, ça  belles images c’était vraiment ce qui   la course est encore longue… D’un état
        devient rude… Quant au retour, c’était  m’importait. D’un point de vue sportif,   de “zénitude”, de contrôle, d’aisance car
        simplement pour récupérer la Peugeot  je concrétisais ma préparation pour le   en tête de course, où j’exerce alors une
        et rentrer à la maison (rires). J’ai pris  Grand raid en m’offrant ce raid solitaire.   certaine pression sur mes concurrents,
        le temps de me ravitailler, de profiter  Enfin, pour ne pas courir inutilement   je suis passé à un état de stress, envahi
        du moment, je suis redescendu assez  non plus, j’ai soutenu l’association que   de pensées négatives, de sentiment
        tranquillement en fait, avec Gaël, qui a  je parraine depuis l’année passée, «
                                                                                d’abandon en l’espace de 10 secondes.
                                                                                Plus rien à boire ni à manger très rapi-
                                                                                dement, c’est la panique de partout,
                                                                                tous les voyants virent au rouge…

                                                                                Je  tente  de  garder  mon  calme  malgré
                                                                                tout, en me répétant qu’il reste beau-
                                                                                coup de chemin à parcourir. Je respire
                                                                                profondément. 2 solutions s’offrent
                                                                                à moi : abandonner et le cauchemar
                                                                                s’interrompt en un claquement de doigt,
                                                                                tout s’arrête et je rentre à la maison… ou
                                                                                continuer pour la beauté du sport, parce
                                                                                que c’est ma 1ère expérience sur une
                                                                                telle course, parce qu’il y a du monde
                                                                                derrière moi, parce que je suis à la Réu-
                                                                                nion... Je n’ai pas hésité très longtemps
                                                                                et entamé une remontée fantastique !






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