Page 29 - TRIMAX MAGAZINE 190
P. 29
ANUEL
GASTAUD
PUR SANG
PAR ROMUALD VINACE PHOTOSDROITS-RÉSERVÉS
Médaillé d’argent des derniers Jeux mondiaux des Une séance de dialyse équivaut à un
transplantés, le triathlète niçois âgé de 38 ans, a brillé semi- marathon
à Newcastle. En Angleterre, l’essentiel était pourtant
ailleurs : montrer aux yeux de tous qu’ensemble, vie et « La fatigue s’invitait souvent dans mes journées et quoi de
greffe sonnent justes. plus normal. Pour les spécialistes, une dialyse s’apparente
à un semi-marathon, explique l’intéressé. Au rythme
Enchaîné à la machine, immobile. Seul l’esprit lui offre de trois par semaines, le corps, au régime strict, encaisse
un exutoire. Les yeux fermés par la douleur, il tente une le choc durement ». Dans sa course éperdue pour la
évasion. La prison n’a pas de murs, seules suffisent des vie, Emmanuel positive et s’appuie sur un entourage
entraves et pour lui, la cette prison, c’est la vie. omniprésent. Les deux piliers de sa terre. Pas de larme
à l’œil, lui préfère cultiver sa haine du renoncement. Un
17 ans à peine et déjà le goût de la souffrance, de la mot depuis longtemps banni de son vocabulaire. « Dans
suppléance qui coule dans ses veines. ll est alors l’évadé ce malheur qui touche des milliers de personnes, j’ai aussi
d’Alcatraz, dans la peau de Clint Eastwood, sans le mis a profit une culture sportive nourrie dans sur les skis de
coupe- ongles pour effriter le mur pourri d’humidité. Son randonnée. Cette endurance, le physique que j’ai pu façonner
arme à lui, la volonté farouche, chevillée au corps. L’envie au contact des parois rocheuses m’a aussi sauvé la vie ».
de s’en sortir, de foutre le camp, au plus vite. Retour à Féru d’alpinisme et d’escalade, Monsieur Gastaud.
la réalité, Emmanuel Gastaud le sait. La dialyse reste un
passage obligé, quatre heures à raison de trois visites par Vous voilà servi ! L’Everest vous attend sur un plateau:
semaine. surmonter le rejet du greffon. « J’ai une réelle faculté à
Il serre les dents, déjà convaincu que le Mercantour zapper les choses très difficiles que j’ai traversé. Mais là...
l’attend, lui l’enfant des Alpes Maritimes, le môme de C’était très dur. Après ma première greffe de rein, je replongeais
Nice, des grands espaces, toujours en quête de nouveaux dans le grand bain, pour quatre ans cette fois. J’avais alors
horizons. Fuir pour mieux voir le monde d’en haut, 31 ans ». Pleine force de l’âge. L’âge de la maturité, du
différemment. L’adolescent singulier, devenu, priorité choix. « Il s’est fait avec le temps, le plus naturellement
nationale, attend sa première greffe, soulagé...forcement. qu’il soit. Il s’est presque imposé de lui même, explique
Sans fonction rénale, c’est la mort assurée. 21 ans plus Emmanuel Gastaud. Nice est le spot parfait des triathlètes.
tard, toujours debout dans l’univers des transplantés, le Des runners, des cyclistes, des nageurs, il en pleut dans tous
sang neuf. les azimuts. Je les révérais. Ils s’apparentaient pour moi à de
véritables super- héros dans un monde où je n’imaginais pas
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GASTAUD
PUR SANG
PAR ROMUALD VINACE PHOTOSDROITS-RÉSERVÉS
Médaillé d’argent des derniers Jeux mondiaux des Une séance de dialyse équivaut à un
transplantés, le triathlète niçois âgé de 38 ans, a brillé semi- marathon
à Newcastle. En Angleterre, l’essentiel était pourtant
ailleurs : montrer aux yeux de tous qu’ensemble, vie et « La fatigue s’invitait souvent dans mes journées et quoi de
greffe sonnent justes. plus normal. Pour les spécialistes, une dialyse s’apparente
à un semi-marathon, explique l’intéressé. Au rythme
Enchaîné à la machine, immobile. Seul l’esprit lui offre de trois par semaines, le corps, au régime strict, encaisse
un exutoire. Les yeux fermés par la douleur, il tente une le choc durement ». Dans sa course éperdue pour la
évasion. La prison n’a pas de murs, seules suffisent des vie, Emmanuel positive et s’appuie sur un entourage
entraves et pour lui, la cette prison, c’est la vie. omniprésent. Les deux piliers de sa terre. Pas de larme
à l’œil, lui préfère cultiver sa haine du renoncement. Un
17 ans à peine et déjà le goût de la souffrance, de la mot depuis longtemps banni de son vocabulaire. « Dans
suppléance qui coule dans ses veines. ll est alors l’évadé ce malheur qui touche des milliers de personnes, j’ai aussi
d’Alcatraz, dans la peau de Clint Eastwood, sans le mis a profit une culture sportive nourrie dans sur les skis de
coupe- ongles pour effriter le mur pourri d’humidité. Son randonnée. Cette endurance, le physique que j’ai pu façonner
arme à lui, la volonté farouche, chevillée au corps. L’envie au contact des parois rocheuses m’a aussi sauvé la vie ».
de s’en sortir, de foutre le camp, au plus vite. Retour à Féru d’alpinisme et d’escalade, Monsieur Gastaud.
la réalité, Emmanuel Gastaud le sait. La dialyse reste un
passage obligé, quatre heures à raison de trois visites par Vous voilà servi ! L’Everest vous attend sur un plateau:
semaine. surmonter le rejet du greffon. « J’ai une réelle faculté à
Il serre les dents, déjà convaincu que le Mercantour zapper les choses très difficiles que j’ai traversé. Mais là...
l’attend, lui l’enfant des Alpes Maritimes, le môme de C’était très dur. Après ma première greffe de rein, je replongeais
Nice, des grands espaces, toujours en quête de nouveaux dans le grand bain, pour quatre ans cette fois. J’avais alors
horizons. Fuir pour mieux voir le monde d’en haut, 31 ans ». Pleine force de l’âge. L’âge de la maturité, du
différemment. L’adolescent singulier, devenu, priorité choix. « Il s’est fait avec le temps, le plus naturellement
nationale, attend sa première greffe, soulagé...forcement. qu’il soit. Il s’est presque imposé de lui même, explique
Sans fonction rénale, c’est la mort assurée. 21 ans plus Emmanuel Gastaud. Nice est le spot parfait des triathlètes.
tard, toujours debout dans l’univers des transplantés, le Des runners, des cyclistes, des nageurs, il en pleut dans tous
sang neuf. les azimuts. Je les révérais. Ils s’apparentaient pour moi à de
véritables super- héros dans un monde où je n’imaginais pas
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