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RECIT

A 40 km/h on tourne les jambes à plus de 130 tours/       nombreux bénévoles auront raison de ma fatigue.
minute. Et il faut déclipser pour aller plus vite ( j’ai  Je monte en danseuse jusqu’au sommet, sans m’ar-
installé des cales sur l’axe de roue arrière pour po-     rêter. Il est midi. J’ai même le temps de manger un
ser mes pieds). On ne peut pas prendre d’angle en         sandwich :-)
virage, sous peine de faire frotter les pédales. Il
faut donc freiner fort avant le virage, pour tourner      La descente sera très longue. Fatigante pour les
sans pencher le vélo. Cela donne des trajectoires         bras mais toutefois bien roulante. J’appréhende la
étranges, et épuise les bras.                             côte de Palon et son gros pourcentage. Je me force
                                                          à garder les pieds sur les pédales pour mouliner un
Rien de particulier jusqu’à l’Izoard. Puis d’un coup      max car j’ai peur des crampes qui pourraient tout
tout se complique. Passer quelques km en force,           gâcher.
c’est jouable, mais au bout de 4 ou 5 km une énorme
fatigue me tombe dessus. Il fait très chaud. Je vide      Ca y est : voilà la côte de Palon. Celle-ci sera beau-
mes 2 bidons en un rien de temps. Pas de doute, le        coup moins longue que l’Izoard car on aperçoit
combat a bien commencé. Je m’interroge sur l’état         très vite le rocher salvateur. Je passe à l’endroit où
de James, ses éventuelles hypoglycémies… Bref j’ai        j’ai cassé mon dérailleur en 2015 et je souris avec
besoin d’images mentales pour tenir. Impossible de        béatitude. Les balcons de la Durance sont un peu
me représenter les « reste 9 km avant le sommet           pénibles à passer, mais l’alternance des montées et
». C’est long. Ma fréquence cardiaque est au dessus       descentes permet de se « refaire la cerise ».
de 170. A ce moment je n’imagine pas possible de
monter sans poser pied à terre. Mais les nombreux         Le plus dur sera le Chalvet qui est interminable,
encouragements des triathlètes (ce ne sont plus           d’autant plus qu’il fait très chaud et que je n’ai plus
des concurrents mais des alliés), du public et des        d’eau, ni de force en danseuse. Je suis contraint de

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