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erre Doat (départ d’étape à 9h30 heure locale) et on est au top
de la forme grâce à la période de repos des jours qui
précèdent le départ (affutage).
J’ai démarré l’étape trop vite, naïvement surpris de
me retrouver au milieu des têtes de course ( je ne
parle pas des champions marocains qui étaient déjà
loin devant). Je manquais d’expérience des ultra-
trails et surtout des courses en étapes. Tout le monde
gérait sa course sauf moi. Après 2 heures de course
à un bon rythme, la chaleur m’a obligé à ralentir.
Je buvais sans arrêt mais cela ne suffisait pas à me
refroidir. Seul le vent, quand il y en avait, arrivait à
faire fonctionner mon système de refroidissement
corporel convenablement. Je suis arrivé 65eme pour
la première étape. Pas si mal mais malheureusement,
je n’ai fait que reculer dans le classement sur les
étapes suivantes.
30 abandons le premier jour.
J’ai vu des gens incroyables. Il y avait un aveugle qui
faisait la course. Il y avait aussi un anglais, ancien
combattant qui a perdu ses 2 jambes au moyen orient,
qui courait avec 2 prothèses pour une association (il
a dit en rigolant qu’il avait de la chance de ne pas
avoir d’ampoules aux pieds).
Les jours suivants, la fatigue avait augmenté mais
le poids du sac à dos avait diminué (nourriture en
moins). La chaleur, elle, était toujours là, sans répit.
Comme on portait un dossard avec notre prénom et
notre pays d’origine, on pouvait voir la diversité des
pays participants (Chine, Australie, Mexique, USA…).
On retrouvait régulièrement sur les étapes des gens
qui avaient un niveau équivalent : on discutait, on
s’encourageait… tous égaux face au désert, au sable, à
la chaleur, à la déshydratation, à l’hyperthermie. Les
Le 8 avril, je m’envolais pour Ouarzazate. Le 9, paysages étaient extraordinaires. Malgré la difficulté
le matériel était contrôlé. Je me suis retrouvé au de la course, on en profitait, on les regardait, on en
bivouac de départ dans une tente Berbère avec prenait plein les yeux.
7 compagnons de route (les participants sont Le soir, la moitié des participants allait à l’infirmerie
groupés par nationalité), tous très sympas. On se faire soigner les pieds : ampoules en tout genre
allait vivre une aventure extraordinaire qui allait (parfois catastrophiques, parfois mineures) causées
nous souder pour toujours. par la chaleur, le sable, les rochers, …les podologues
Le 10 avril, la première étape de 34km s’annonçait et les médecins faisaient des miracles.
difficile en commençant par 15km de dunes. Le rationnement en eau empêchait de faire une
L’ambiance était canon : l’hélicoptère qui filme, la toilette complète ou une lessive le soir. Les grands
sono qui diffuse AC-DC « highway to hell ». C’est buveurs comme moi devaient économiser l’eau sans
une magie qui opère, on est boosté malgré les 35°C
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