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ROAD TO RIO
Beaucoup se demande, me demande, L’athlète, celui qui fait le travail, qui transpire, qui
d’expliquer cette fameuse relation a mal, qui stresse sur la ligne de départ, qui doit
entraineur/entrainé. Une relation au regard prendre une décision de course, qui s’entraine,
de beaucoup encore plus complexe quand il est c’est lui. C’est David Hauss.
question que le fils est entrainé par son propre Quand le soleil de la réussite brille, c’est sur lui que
père. je veux que se pose la lumière.
Mon fils c’est David Hauss. Il fait partie des tout Moi je n’ai rien à gagner ni en étant son père, ni en
meilleurs athlètes mondiaux dans sa discipline. Il étant son entraineur.
est en route pour ses seconds JO : Rio 2016 Je veux juste accompagner mon fils, athlète de
haut niveau, vers là où il souhaite aller : lui. Pas
LA question qui revient le plus souvent, même moi, lui. C’est encore une barrière.
si ce n’est n’est pas formulé ainsi est : où se situe
la limite de votre fonctionnement ? où avez-vous Au quotidien, sur le terrain et dans le cercle familial,
placé vos barrières, comment faites vous pour pour moi, pour nous, il n’y a pas d’amalgame
concilier vie de famille et vie sportive ? possible.
Nous avons toujours fait en sorte que l’un ne prenne
Des barrières, des limites, y en a t-il seulement? pas la place de l’autre. Le père et l’entraineur ont
C’est probable. Je dirais simplement, ce sont nous chacun la place que nous leur avons attribuée dès
les barrières et les limites. le départ. Sans avoir à le dire explicitement...
Il nous arrive très rarement de discuter
En tant que père, être le père d’un athlète qui d’entrainement et même de triathlon lors des repas
va faire les JO c’est quelque chose de particulier. que nous partageons. Comme il est improbable
Une étrange alchimie entre la joie, le bonheur, que je vienne à lui demander des nouvelles de mon
le respect, la fierté, tout ça enrobé avec la dose petit-fils pendant une séance d’entrainement.
d’amour impalpable de tout père envers un de ses
fils. A l’entrainement, le père n’est pas le protecteur
En tant qu’entraineur, amener par le travail un de son fils auprès de l’entraineur. Je fonctionne
athlète à participer au JO c’est déjà la récompense vraiment comme si nous étions des personnes
qui salue et soulage tous les sacrifices. différentes. Le père et l’entraineur, Le fils et
Alors lorsqu’un entraineur amène son fils qu’il l’athlète.
entraine depuis dix ans, à participer à ses second
Jeux Olympiques…les mots sont vains. En tant que père, je pourrais dire à l’entraineur
Il y a la fois le mélange de la joie du père, la qui est dans ma tête, et lors des grosses séances
satisfaction du travail bien fait de l’entraineur, ou charges de travail, que c’est trop difficile de
avec la volonté de le voir progresser et d’avoir demander autant à son propre fils, de le plaindre.
le sentiment que tout a été mis en œuvre pour y L’entraineur sait le travail qu’il est en droit de
arriver, et le bonheur de regarder grandir l’Homme demander à son athlète, le haut niveau international
qu’est devenu son fils. à des exigences très précises. L’entraineur sait tout
ça. Le père ne peut qu’approuver CES choix, SES
Je vous invite à partager quelques instants choix. Une autre barrière ?
privilégiés de notre fonctionnement et de vous
livrer comment je vois les choses... Pour les Jeux de Londres nous avions pris le parti
de fonctionner à distance. Je ne devais rejoindre
Au départ il y a un projet commun. Tacite mais David que sur la préparation terminale lors du
commun. Pas besoin de se dire les choses. Déjà, on dernier stage programmé en altitude puis sur
a une barrière de moins. l’affutage final.
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