Page 52 - TRIMAX MAGAZINE 193
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                   ALEXIS HANQUINQUANT




                L’ÂME GUERRIÈRE, LE CŒUR VIKING








        Triple champion du monde de         concède l’ancien champion de France  entraîneur national prévient lui-
        paratriathlon,  le Normand  défendra   de full contact des moins de 86 kg.  même : « Il ne se fixe aucune limite. C’est
        son titre en mai, à Milan, avant de   C’était en mai 2010. C’était avant le  un leader et sa triple couronne mondiale
        rêver à ses premiers Jeux, à Tokyo,   drame.  Destin broyé à l’image de  pose sa valeur et son investissement au
        en août prochain. Rencontre avec un   sa jambe droite. Mauvais endroit,  quotidien ».   Alexis Hanquinquant le
        sportif aussi déterminé qu’attachant…    mauvais karma, un engin de chantier  crie haut et fort : inutile de s’apitoyer
                                            vient  sauvagement  rappeler  le  coût  sur son sort. Pas de larme à l’œil. Pas
        L’effort est brutal. Le visage tiré, les   de la vie. Chère, très chère…  son style.  Il rugit encore plus fort, dix
        muscles congestionnés, l’athlète                                        ans après.  « Mes adversaires m’ont
        refuse  de lâcher.  C’est bien  hors    « Mon amputation ? Je l’ai  affublé de ce surnom, « The Beast »
        de sa zone de confort qu’Alexis     vécu comme une véritable  (La Bête) au sortir d’un rendez-vous de
        Hanquinquant se sent le mieux.      résurrection »                      début de saison, à Milan en 2019 ».
        L’âme guerrière, le Viking est dans                                     Taille patron, Alexis avait alors écrasé
        sa bulle. Hermétique au moindre      « Elle a basculé en août, trois mois après  une concurrence médusée. Affuté,
        parasite. En mode OFF.   « Je cultive   mon titre en pieds-poings. Ce moment a  toujours.  Prêt, invariablement. Profil
        savamment une double personnalité  »,   sans nul doute été le plus gros combat  de vainqueur en puissance, Alexis
        avoue-t-il avec un sourire.  « Plutôt   de ma vie. J’ai lutté pendant trois ans  domine, Hanquinquant gagne.
        joyeux et communicatif par nature, je   contre des douleurs quotidiennes très
        me renferme le jour de l’épreuve. Mon   invalidantes  convaincu  que  je  pouvais  Et  2020 alors  ?  «  Je m’alignerais  sur
        côté compétiteur est exacerbé ». Un   sauver ma jambe avant de me résoudre  la coupe du monde PWC à Abu Dhabi,
        titre se gagne mais ne se joue pas.   à l’amputation en septembre 2013 ».  en mars prochain. C’est une bonne
        Le jeu justement ou plutôt Les Jeux,   Alexis la demandera lui-même. « Cet  répétition générale avant les mondiaux
        le Graal, l’événement planétaire, le   acte a été une véritable résurrection. Les  de Milan en mai. Voilà la priorité.
        paiement pour solde de tout compte   prothèses ont évolué et évoluent encore  Dans un climat chaud et humide qui
        d’une  vie  de  sacrifices,  d’une  vie  de   et me permettent d’assouvir aujourd’hui  rappellera les conditions de Tokyo, il
        famille en pointillés. « Tokyo, j’y pense   mon addiction pour le sport    ». Le  briguera un quatrième succès à cet
        depuis trois ans. C’est une obsession   triathlon comme exutoire    ? Non    !  échelon. « Avec un Américain, un Chinois
        légitime.  Un  objectif ultime.  Je  suis   Un défi à sa mesure, à sa douce  et un Espagnol, nous serons quatre pour
        habité  par l’univers  paralympiques   démesure. Une seconde peau. Son  trois places dans une catégorie (PTS4,
        depuis toujours », avoue le Normand.
        Sydney 2000 premiers frissons, Rio                Nous n’avons pas plus de mérite que les
        2016, premières frustrations…                     valides, mais sans doute autant. Et si je


        « J’étais alors aux portes de l’équipe            profite aujourd’hui d’une vitrine médiatique,
        de France. Je prenais part à des stages           je pense surtout qu’il est important de
        mais cela ne s’est pas concrétisé. C’est          redorer l’image du handisport
        sans doute mieux ainsi. Après réflexion,
        il était encore trop tôt. J’étais trop frais »,





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