« Audric Lucini était seul au monde, hier matin, à l’Anse-Vata. Premier Calédonien à remporter le triathlon international depuis Patrick Vernay en 2004, il a su ajouter la manière à son titre en dominant l’épreuve de la tête et des épaules. »
Le jeune Calédonien, Audric Lucini, du club de Versailles, qui était encore au pôle espoir de Boulouris il y a un an, et qui s’entraîne actuellement à Nice, était de retour au pays pour LA compétition de l’année: le Triathlon International de Nouméa, qui a été remporté par des athlètes de renom … Il sera au départ du 70.3 d’Aix le 18 mai pour ses débuts sur le long.
« Même si le plateau n’était pas aussi relevé que par le passé, cette victoire n’avait rien d’une évidence. Loin de là. Sur la ligne de départ se présentaient tout de même l’Australien Shane Barrie, l’un des tous meilleurs nageurs du circuit mondial, son compatriote Nathan Buschkuel, deuxième à l’Oceania Cup 2014, et le Néo-Zélandais Matt Franklin. Tous ces triathlètes élites n’étaient certainement pas venus dans l’idée de faire des cadeaux aux locaux et au moment du top départ, à 8 heures, personne n’osait encore espérer voir un Cagou triompher. L’épreuve de natation, où Shane Barrie sortait, comme prévu, en tête, confirmait cette impression. Mais Audric Lucini, sorti dans son sillage immédiat avec Matt Franklin, avait déjà « l’œil du tigre ». Il avait réussi à tenir le rythme du favori sur son point fort. On le sentait alors prêt à jouer sa chance pleinement en enfourchant, déterminé, son vélo.
Mental. Quelques minutes plus tard, le jeune Calédonien de 21 ans finissait la première boucle de 13 km en étant au coude à coude avec Shane Barrie. Les compteurs étaient alors remis à zéro. Sur le deuxième tour, il continuait à envoyer du très lourd à vélo et repoussait son adversaire immédiat à plus d’une minute. Et même mieux, à la fin du parcours cycliste, Audric Lucini était parvenu à mettre Barrie à plus de deux minutes. Autant dire un gouffre, en triathlon. Il ne lui restait plus dès lors qu’à gérer son effort et sa course. Et, à ne pas craquer. Ou plus précisément à combattre ses démons, lui qui avait connu quelque fois des défaillances qui l’avaient empêché d’exploiter pleinement son potentiel. La foule, qui commençait à y croire, elle aussi, s’animait alors et poussait le champion à chacun de ses passages. Et cela d’autant plus que les autres triathlètes locaux étaient loin d’être ridicules. A commencer par David Beaumont qui a fait jeu égal pendant quasiment tout le parcours à vélo avec les triathlètes professionnels.
Météore. Audric Lucini, lui, évoluait sur une autre planète et avait déjà enfilé ses baskets de course bien longtemps avant que ses compatriotes ne posent leurs vélos. A moins que le ciel ne lui tombe sur la tête, la victoire lui était acquise. Mais, en triathlon, justement, rien n’est jamais acquis. Par le jeu des stratégies de course et des spécialités de chacun, une surprise est toujours possible. Nathan Buschkuel, en mode météore humain, n’avait pas dit son dernier mot. En cinquième position avant la course sur route, il se mettait alors à avaler les kilomètres et à revenir dangereusement sur le Cagou en dépassant les autres triathlètes invités. L’Australien aux foulées aériennes faisait courir un frisson dans la foule en se préparant peut-être à endosser le rôle du trouble-fête. Mais Audric Lucini, qui « s’était mis dans le rouge à la natation et en vélo », avait décidé que la victoire serait la sienne et résistait, au courage, au retour de son coéquipier de club. Ce dernier, beau joueur, reconnaissait alors la supériorité de Lucini. « Il était vraiment trop loin après le vélo pour que je puisse le mettre en danger. Il a largement mérité sa victoire, qui est très spéciale pour lui dans sa ville natale. » Le Nouméen, qui a réalisé un « rêve de gosse » en remportant cette course, était sur la même longueur d’ondes après la course. « Après mon bon départ, je savais que si je maintenais mon allure, ça allait le faire, même si je n’ai pas bien couru. Je suis vraiment content de succéder à Patrick Vernay. » Un nouveau chapitre de l’histoire du triathlon international de Nouméa-BNC est à présent ouvert. »
Pour l’anecdote, Audric gagne avec un vélo prêté par l’équipe de TriMaxhebdo.