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Dans un ancien numéro, nous avons testé une machine ultra haut de gamme, réservé à une certaine élite, cette fois nous avons enfourché le tout nouveau Cervélo P2, qui se veut performant et surtout très abordable.
Testé par Sébastien RODRIGUEZ, photos SR et Jacvan©droits-réservés (paru dans le magazine n°129, mai 2014)
Présentation
Faut-il vraiment présenter le P2 ? Ce vélo fait partie de la légende de Cervélo, peut-être même du triathlon ! Le P2 compte entre autre deux victoires à Hawaï, mais bien d’autres succès, que ce soit en triathlon ou en cyclisme. Après sept ans de service, l’arrivée du P3 puis du P5, Cervélo a voulu donner une nouvelle vie à ce modèle. Le nouveau P2 est donc né, afin d’offrir au cadre des technologies issues des modèles haut de gamme, mais à un prix abordable ! Pour une présentation plus en détail du vélo, nous vous invitons à consulter notre magazine numéro 125, nous étions présents à San Diego pour la présentation officielle de ce nouveau P2.
Le cadre
Ce nouveau P2 se pare d’une robe blanche, avec des pointes de bleu. La finition du cadre est brillante, ce qui sort de la tendance actuelle. L’ensemble est élégant, et rend mieux en réalité qu’en photo. Les tubes du cadre sont assez impressionnants, très large et très profilés. De profil le vélo en impose, de face on le voit à peine, il semble vouloir fendre l’air ! L’avant du cadre, au niveau de la direction, et la boîte de pédalier fait penser aux traits du P5. L’arrière du cadre en impose également, le tube de selle vient effleurer votre pneu jusqu’à l’étrier de frein. C’est vraiment bien fini et inspire l’aérodynamisme, cela en devient presque étonnant pour un cadre qui se positionne en « entrée de gamme ». Le cadre est prolongé par une tige de selle très profilée et harmonieuse, ainsi que par une fourche parfaitement intégrée. La fourche étonne un peu, elle est particulièrement fine, ce qui contraste avec l’épaisseur de certains tubes du cadre.
Du côté des finissions, c’est propre. Les gaines de freins et de dérailleur sont intégrées au maximum, tout est prévu pour un montage en groupe mécanique ou électrique. Pour ceux désirant monter le cadre en électrique, un support de batterie est prévu sous la boîte de pédalier. Cervélo a également pensé à vos ravitaillements sur ce nouveau P2, vous trouverez deux vis sur le dessus du cadre servant à fixer une pochette, ainsi qu’une vis au-dessus du boîtier de pédalier pour fixer une boîte de rangement. C’est pratique et parfaitement en harmonie avec la ligne du vélo, sans compromettre l’aérodynamisme.
Pour un cadre entrée de gamme, ce nouveau P2 est surprenant. Les tubes, l’intégration des gaines, les détails prévus pour le ravitaillement, difficile de lui trouver un réel manque comparé à un cadre haut de gamme. La seule différence, visible du moins, serait l’utilisation d’étriers de freins classiques, au lieu d’étriers intégrés comme sur un P5 par exemple. On pourrait faire la même remarque sur le jeu de direction avec une potence classique, au lieu des intégrations totales en vogue sur les derniers modèles hauts de gamme.
Equipement
A un moment donné, il faut bien que ce nouveau P2 justifie son rang d’entrée de gamme. C’est clairement sur l’équipement que l’on retombe sur cette catégorie. Le vélo est équipé d’un groupe Shimano 105 10 vitesses, avec des étriers et un pédalier BB30 aluminium FSA Gossamer. De l’aluminium également pour le poste de pilotage signé Profil Design. Potence Aris, cintre T2 Wing et prolongateurs T4+. Côté roues, on retrouve des Shimano cohérentes avec la transmission 105, une paire de R500. Rien de très « glamour » donc, mais Cervélo n’a choisi que des composants fiables. Le seul composant qui sort un peu de l’ordinaire, c’est le choix de la selle ISM Adamo Prologue, très en vogue en ce moment dans le monde du triple effort.
Il est certain qu’au vu du cadre, on aurait aimé le voir équipé plus « noblement », mais le but de ce vélo étant l’accessibilité, l’équipement proposé permet de réduire la note.
Avec l’arrivée des cadres à l’intégration maximale de tous les composants, nous avions presque oublié à quel point les réglages d’un vélo pouvaient être simples. Certes c’est moins beau, mais tout est accessible, tout est réglable de façon simple et rapide. Avec des freins intégrés, le réglage peut vite devenir un cauchemar en utilisant plusieurs paires de roues de largeur différente, c’est plus simple avec ces étriers classiques… Certains postes de pilotages ne peuvent pas être modifiés, ici, il est enfantin de l’ajuster à la position souhaitée. Un simple ajout ou suppression d’entretoise sous la potence pour régler la hauteur, un simple coup de clé sur les prolongateurs pour régler la longueur. La tige de selle du P2 permet également une multitude de réglage, au millimètre prêt. Elle est équipée d’un rail permettant d’obtenir un angle de tube de selle allant de 75 à 79 degrés, vous avez une totale liberté entre ces deux mesures. Tout est donc prévu pour que vous soyez posé selon vos besoins avec ce nouveau P2. Pour preuve, le vélo reçu pour le test était un peu trop petit pour nous, il s’agit d’une taille 51, la taille 54 aurait été plus adaptée. Les multiples possibilités de réglages nous ont permis de reproduire les mêmes réglages que sur notre vélo personnel, malgré une potence et des manivelles de pédalier trop courtes.
Sur la route
Dès les premiers coups de pédale une chose étonne sur ce vélo. Il est facile. Facile à rouler et facile à manier. D’habitude, sur ce genre de machines il faut un petit temps d’adaptation, le temps de trouver quelques repères. Ce type de vélo est également souvent « désagréable » à faible allure. Ce n’est pas le cas sur ce nouveau P2, à faible intensité, en relance, en danseuse, il se montre autant agréable qu’un vélo de route classique. Ces aspects en font un vélo très polyvalent, il se montre très agréable à grimper, même sur de forts pourcentages, et très sécurisant, même sur les descentes les plus sinueuses. Avec ce nouveau P2, nous pensons que même les cyclistes les moins expérimentés arriveront à se sentir à l’aise dans toutes les situations, de la descente technique à la sortie dominicale en peloton.
Malgré un équipement d’entrée de gamme assez lourd, plombé en particulier par la paire de roues, le vélo dans son ensemble réagit bien. Les relances et changements de rythmes sont assez faciles, même si le vélo manque un peu de « mordant » sur des accélérations plus appuyées.
Est-ce dû à un manque de rigidité du cadre, des roues, du cintre ?
Pour le savoir, nous avons monté nos roues personnelles sur ce Cervélo le temps d’une sortie, et cela change tout ! Le cadre prend alors une autre dimension, et peut exprimer pleinement tout son potentiel. En termes de sensations, il se rapproche plus d’un vélo classique que d’un pur vélo de contre la montre. Ce confort est dû à la fois au cadre en lui-même, qui semble absorber parfaitement les imperfections de la route, mais également à sa géométrie. La douille de direction a été légèrement rehaussée, permettant une position moins agressive, plus adaptée à la majorité des triathlètes amateurs.
Ce nouveau P2 ferait un très bon vélo pour les longues distances, quel que soit le niveau du triathlète. Pour les plus puissants d’entre vous, il sera peut être limité notamment sur des courses courtes distances plus nerveuses.
Prix
C’est le coup de force de ce nouveau Cervélo P2. A moins de 3000 euros prêt à rouler difficile de lui en demander plus. Pour ce prix, le cadre en lui-même est vraiment de haute facture, il pourrait tout à fait servir de base pour un montage moyen à haut de gamme. C’est sur les composants et l’équipement que Cervélo a fait chuter le prix du vélo, mais avec des produits fiables et fonctionnels. Pour ceux qui auraient un peu de budget supplémentaire, c’est sur les roues qu’il faudra se pencher, si elles conviennent à l’entraînement, c’est le seul élément de ce vélo qui pourrait freiner un peu vos performances en compétition.
Conclusion
Nous avons été surpris par la qualité de ce cadre Cervélo P2. Quand on pense à un vélo entrée de gamme, on est loin de s’imaginer un tel morceau de carbone. L’adjectif qui qualifiera le mieux ce vélo est « abordable ». De par son tarif d’abord, de par sa conception ensuite, qui le rend très polyvalent, et adapté à un grand nombre de triathlètes, même les plus modestes. La seule vraie limite de ce nouveau P2, ne sera pas objective, elle concerne le plaisir, le plaisir de rouler avec du matériel haut de gamme, sur un montage « noble ». Ce Cervélo P2 pourrait être le choix de la raison pour beaucoup d’entre nous. Très peu en atteindront ses limites… Mais parfois, le cœur a ses raisons que la raison ignore…
NOTRE TEST EN VIDEO :
