Article paru dans le magazine 217_juin 2022 / Rédigé par Simon Billeau

En France comme ailleurs, les épreuves “off road” fleurissent comme la fleur des champs. On ne compte plus en effet les crosstriathlons, les triathlons verts, les raids et autres bike and run. En plus de nos épreuves multidisciplines, le gravel est en expansion, sans parler de la pratique du VTT qui s’avère bénéfique, notamment pendant la période hivernale pour la communauté triathlétique. Malheureusement, qui dit multiplication des sports, dit souvent multiplication de différents types de vélo dans le garage. C’est un souci en termes d’espace, mais bien plus en termes de budget. On n’est pas tous en mesure de s’offrir un vélo de route, un vélo de triathlon, un VTT et un vélo de gravel. C’est la ou Redshift, cette compagnie américaine spécialisée dans les composants innovants dédiés à la pratique on et off road en cyclisme et triathlon, peut apporter une solution ingénieuse.

En effet, leurs produits permettent de monter un vélo Gravel, par exemple, en un super bike alliant position aérodynamique et double suspension, avec le poids d’un vélo de route. On vous présente donc notre montage comprenant les produits Redshift suivants que l’on a passé au test pendant les 18 derniers mois :

Les composants de suspension du système Redshift ShockStop connaissent un engouement incroyable avec l’émergence d’épreuves gravel et le regain d’intérêt à découvrir notre Nature. À ma dernière visite du salon de l’Eurobike en 2019, le stand de Redshift était de loin celui qui était le plus “surchargé” de visiteurs. Les avantages revendiqués sont simples : plus de confort, en particulier sur les longs trajets ou les routes de mauvaise qualité et sentiers. Nous avons examiné le système complet, composé d’une potence et d’une tige de selle.

Potence

La potence permet des oscillations allant jusqu’à 20 mm. Cela est rendu possible par 2 élastomères que l’on insère dans la potence au-dessus d’un pivot fixé sur le collier de direction. Redshift fournit 5 élastomères dont les couleurs représentent des densités différentes. Il vous faudra expérimenter et parfois changer les élastomères en fonction du terrain. En combinant 2 élastomères, vous pouvez régler la rigidité de la potence et donc de votre poste de pilotage. Notez enfin que la potence est réversible (plus ou moins 6 degrés et qu’une potence +30 degrés est disponible également). Il faudra cependant penser à placer les élastomères au-dessus du pivot. La potence est également disponible de 80 à 120 mm et pour différents diamètres de tube de direction grâce à l’emploi de cales. De mon expérience, je préfère la configuration avec les élastomères rigides. Je perds évidemment en termes de confort et d’absorption des chocs, mais je gagne lorsque je relance du fait de la moindre dissipation d’énergie dans les oscillations.

Tige de selle

La tige de selle est visuellement très esthétique. Elle fonctionne d’une manière différente à la potence. La suspension est contrôlée par un ou deux ressorts montés dans un design basé sur un parallélogramme. Si vous faites moins de 80 kg, un seul ressort fait l’affaire. Si vous pesez plus, il suffit d’insérer un second ressort plus petit à l’intérieur du ressort principal. Pour contrôler la charge du (des) ressort(s), la tige de selle est ajustable à sa base, en comprimant ou en relâchant la tension du ressort. Du fait d’un affaissement lié à notre poids sur la selle, Redshift suggère de monter votre selle de 6 mm et de l’avancer de 5 mm. Personnellement, encore une fois, j’ai préféré lorsque le ressort était aussi rigide que possible. Du fait des terrains relativement bien carrossés que j’ai empruntés, hormis le cross-triathlon qui inclut des sauts d’obstacles, l’amortissement de la tige de selle était d’ores et déjà remarquable, comparé à n’importe quelle tige de selle classique. Par ailleurs, j’aime bien pouvoir pousser sur la selle lorsque je suis en côte. Or, si la compression du ressort est faible, vous sentirez que la selle s’affaisse légèrement. Aussi si vous êtes à la limite des 80 kg ou que vous placez une sacoche de selle, tentez l’expérience avec 2 ressorts, surtout si le sentiment de “flottaison” est trop grand.

Cintre

Place maintenant au guidon Kitchen Sink, qui est selon moi le meilleur guidon gravel ou off-road jamais créé ! Commençons d’abord par les spécifications. Ce guidon fait d’aluminium 6061 est disponible en 3 largeurs (44, 47 et 50 cm) mesurées au niveau des cocottes de frein. Comme l’inclinaison latérale des drops est de 25 degrés, les guidons mesurent soit 55, 58 et 61 cm de largeur. Ils ne sont pas les plus légers (486 g pour le 47 cm de large) mais leur versatilité les rend absolument avantageux dans toutes les situations. En tant que triathlète qui se respecte, l’option du mini prolongateur est évidemment ce qui me réjouit. Pour les longues sorties, cette “boucle” permet également d’être utilisée pour fixer des sacoches de guidon. La largeur de ce guidon donne beaucoup de stabilité dans les sentiers, ce qui rend ce vélo polyvalent.

L’emploi des embouts ergonomiques au-dessus du guidon permet d’améliorer la prise en main et de sécuriser l’emprise lors de parties cahoteuses. Ils sont livrés en une taille unique et des marques sont faites pour guider dans la découpe, si tant est que vous souhaitez les modifier pour épouser au mieux la courbe de votre cintre. J’utilisais notamment ces “grips” top comme s’ils étaient mes reposes coudes lorsque j’étais posé sur le mini prolongateur. Les embouts dans les drops permettent également d’améliorer le contact avec le guidon. Anatomiquement, ces accessoires sont très bien pensés et ajoutent un plus indéniable.

Guidoline

La guidoline extra longue de chez Redshift est suffisamment longue pour s’enrouler autour du plus large guidon Kitchen Sink en incluant le mini prolongateur. En effet, d’une longueur de 315 cm, il m’a fallu la couper de chaque côté. Elle est très résistante aux abrasions. La mienne est comme neuve après 18 mois de pratique et quelques petites gamelles… Elle complète le système car ses 3 mm d’épaisseur et sa construction en polyuréthane lui permettent d’apporter un plus en confort non négligeable.

Support compteur

Enfin, le support du compteur se fixe sur la potence Redshift en utilisant soit les 2 vis du bas ou du haut du capot. Pour ma part, je préfère le monter sur les vis du bas. Ainsi, le compteur se trouve dans le prolongement de la potence, ce qui est plus aérodynamique. Aussi, cela évite d’avoir le compteur trop haut et de toucher un bouton par mégarde. Enfin, j’aime bien avoir la « tête dans le guidon” dans les parties descendantes et avoir le compteur trop haut me gêne.

J’espère que ce montage vous aura plus et que l’appel de la Nature se fera entendre. Avec la recrudescence des accidents de vélos sur les routes, le calme et la découverte de chemins insoupçonnés devraient vous ravir. Et si vous pouvez utiliser un vélo 3 en 1 (VTT, gravel et route oriente aéro), le porte-monnaie ne s’en portera que mieux !