PAR ROMUALD VINACE PHOTOS JACVAN @ACTIV’IMAGES
Présent à Boulouris, si l’entraîneur national de paratriathlon évoque les chances des Bleus pour le rendez-vous planétaire, il juge surtout essentiel de les accompagner vers la performance et fixe la priorité : les Mondiaux de Milan, le 3 mai prochain.
Le rythme est soutenu. Pas le temps de s’appesantir, ni de flâner sur Saint-Raphaël. Pas de place pour la villégiature et pour cause. En stage pour quinze jours sur la côte varoise, à Boulouris, les pensionnaires de l’équipe de France paratriathlon ne se ménagent pas.
En mode training camp, la délégation tricolore est bien en mission commando. Totalement investie. A quelques mètres, le responsable fédéral, Nicolas Becker garde un œil avisé sur la mise à l’eau des 18 triathlètes. La charge de travail est lourde, les conditions sont optimales. Quatre entraîneurs affinent les détails, un médecin se penche sur les pépins physiques, le kinésithérapeute à ses côtés. Sans oublier le mécanicien. L’étude posturale et le positionnement du cycliste par velofitting reste l’affaire de Joël Steve. Une armada de perfectionnistes veillent donc sur les machines d’acier, batterie de tests à l’appui.
Pour l’heure, trois lignes d’eau sont prises d’assaut. De cette décharge de puissance naît la déferlante. Réservation faite, le vélodrome de Cannes attendra quelques heures. Pas de répit pour l’ambition. Aucune entorse à la détermination. Le stage hivernal, second après celui organisé à La Réunion en novembre dernier est une étape obligée. « Il entre dans le cadre du projet performance paratriathlon », précise l’intéressé. Les 10 km de La Prom’Classic de Nice du 5 janvier dernier semblent déjà bien loin…
A 10 000 km de Tokyo, théâtre des prochains Jeux, l’âme paralympique plane sur Boulouris.
L’esprit est là, c’est palpable. « Il convient aujourd’hui de se concentrer sur la progression des athlètes même si, il est vrai, tous sont concernés, sans exception. Tous sont dans la course. Néanmoins, c’est bien le niveau de performance dans le contexte de concurrence mondiale qui fixe l’exigence ». Et dans une saine émulation qui invite à la performance, Alexis Hanquinquant imprime le rythme. « Au même titre que Vincent Luis, il est d’ores et déjà sélectionnable. A sa charge de bien gérer sa saison 2020 pour arriver en forme au meilleur moment, prévient Nicolas avant de tempérer. « A huit mois des Jeux, l’attention n’est pas focalisée sur la qualification olympique mais sur le niveau de performance ». A s’y pencher de plus près, l’évidence éclate en pleine figure : triple champion du monde, Alexis Hanquinquant ne s’impose aucune limite. Comme une suite logique, implacable, les médailles sont en ligne de mire. Avidité contagieuse.
« Nous n’avons jamais eu à faire avec un groupe aussi fort en paratriathlon. Nous sommes là pour accompagner du mieux possible le groupe et il répond à nos attentes en cadrant notamment les sollicitations. C’est un signal très positif. Je fais confiance au processus qui est en marche. Ils s’entraînent mieux que jamais et certains ont déjà dépassé leurs références 2019 », se félicite le technicien. Outsiders de luxe, les tricolores ne laissent pas la place aux approximations ? Chaque détail compte.
Chaque minute les rapproche un peu plus de l’objectif à tenir. « Le premier d’entre eux reste les championnats du monde, le 3 mai prochain, à Milan. Il ne faut pas perdre cela de vue et avancer par étape. Les meilleurs seront sur la ligne de départ et les places seront chères. Voilà une grosse base d’évaluation pour nos athlètes », assure Nicolas Becker. Une avancée étape par étape pour une course parfaite le jour J. A insister sur les chances de médaille aux Jeux paralympiques, le coach cède alors à l’envie d’en dire plus. Comme si par les mots, le métal des médailles virait à l’or.
« En gardant une vision raisonnable, deux médailles, cela resterait une sacrée performance. Dans cet ordre d’idée, les athlètes qui s’envoleront pour le Japon auront le niveau pour y briller. Qu’ils soient cinq, dix ou quinze, si le potentiel le leur permet, ils défendront les couleurs de la France. Mon rôle est de les amener à leur meilleur niveau sur la ligne de départ. Après, tout peut arriver. Une certitude : tous sont très investis et ils regardent ensemble vers cette opportunité unique ».
Et Nicolas Becker d’appuyer ses propos : « L’équipe de France n’ira pas au Pays du Soleil Levant en simple visite, mais pour répondre aux attentes. Je le répète, seul le niveau de performance comptera ». Clair, limpide. Cinq Français étaient présents aux Jeux de Rio, en 2016, quatre d’entre eux ont salué le bronze arraché par Gwladys Lemoussu, première médaillée française de l’histoire des Jeux paralympiques, catégorie PT4. Un record est allé chercher les 29 et 30 août prochains.
Le rêve est si beau…