Article paru dans le magazine n°236 (avril 2024), rédaction par François Bonnafoux – Crédits photos : Activ’images

Si on vous dit 19e édition, 20 ans d’existence, vous pensez à quoi ? Un triathlon qui a largement fait ses preuves, une aventure qui a su engager une communauté de sportifs, un événement qui a étendu son succès à 2 courses. Après une 1ère édition d’un championnat du monde IRONMAN plus que réussi en septembre 2023, Nice écrit un peu plus sa légende au travers de son IRONMAN et de son IRONMAN 70.3.

Véritable “Mecque” du triathlon mondial, Nice conforte sa place de capitale européenne du triple effort pour offrir un véritable festival. Qui mieux que l’un des principaux artisans de ces monuments, Yves Cordier, pour nous révéler les contours de ce tour de force imaginé sur la French Riviera. Comment IRONMAN va-t-il (encore !) réussir à nous surprendre ?  Tout l’enjeu réside sur cette capacité à savoir se renouveler pour convaincre 5 000 triathlètes qui répondent toujours présents !

L’IRONMAN France Nice et son 70.3 : un succès organisé depuis… 20 ans !

Nice a beau être connue et reconnue pour organiser un IRONMAN depuis 2 décennies, son identité se forge autour de son appétit dévorant à réaliser des défis hors normes. Après avoir organisé les championnats du monde 70.3 en 2019, l’organisation de l’événement a souhaité conserver ce format à partir de 2021 en offrant aux concurrents un spectacle unique sur une seule journée. L’IRONMAN France Nice et son 70.3 sont depuis organisés avec quelques heures de décalage. Une prouesse organisationnelle qui reflète toute la maturité d’équipes rondement menées, avec notamment à la baguette, Yves Cordier, qu’on ne présente plus. Cerise sur le gâteau pour récompenser toutes ces années de travail acharné et d’innovation, les triathlètes du circuit IRONMAN ont élu le Full Distance de Nice comme étant leur course favorite. C’est la très juste conclusion d’un feuilleton que nous apprécions suivre !

Yves Cordier reconnaît le chemin accompli au travers de ces 2 épreuves : « Nous avons touché le Graal sur le Full Distance. On avait eu ce genre de succès sur le 70.3 il y a quelques années (…) Tout cela n’a pas été simple puisque nous sommes passés de 2500 concurrents à quasiment le double. Nous sommes véritablement repartis d’une feuille blanche ». Les équipes se sont donc retrouvées face un cahier des charges qui double, et les exigences de l’organisateur avec : « Il fallait trouver tous les tenants et aboutissants pour que chacun des athlètes puisse s’y retrouver et que celui qui fait son premier 70.3 ait la même expérience que celui qui se bat pour les groupes d’âges car c’est aussi un aboutissement. Logistiquement, c’est difficile à mettre en place. Je ne voulais pas que les athlètes du 70.3 soient mélangés à l’IRONMAN. Finalement, on arrive à faire en sorte que personne ne se croise en organisant un départ différé d’une heure, et ça fonctionne bien ! »

Rome ne s’est pas faite en un jour et Nice non plus. L’air méditerranéen sourit aux passionnés et aux audacieux qui ne comptent pas leurs heures et qui se remettent systématiquement en question pour rester au contact d’un sport qui est en mouvement permanent. Ce sujet retient particulièrement l’attention du Directeur de course niçois : « Notre quotidien, c’est d’évoluer avec notre sport, de préserver la sécurité des athlètes et d’aller chercher toutes les attentions hors courses. Nice est un lieu agréable où les athlètes viennent accompagnés avec leur famille pour découvrir la région. On est sur la Côte d’Azur et les gens ne viennent pas que pour la course. » On sent une véritable volonté de vouloir proposer un événement où il fait bon vivre pendant un week-end pour les athlètes comme pour les accompagnants !

« Le meilleur baromètre, c’est d’être le soir à la sortie du parc à vélo ou sur la ligne d’arrivée et d’écouter les athlètes qui vous disent “bravo”.  »

La vérité réside dans le parc à vélo 

Alors oui, nous n’avons plus besoin de rappeler que tout vient à point à qui sait attendre ! Le succès ne se mesure pas que dans le temps, mais aussi dans l’intention que vous mettez au sein d’une organisation. Yves Cordier nous éclaire sur ce point : « Le meilleur baromètre, c’est d’être le soir à la sortie du parc à vélo ou sur la ligne d’arrivée et d’écouter les athlètes qui vous disent “bravo”, qu’ils ont adoré même si c’était dur ! C’est un véritable outil de travail. Il n’y a que les athlètes qui voient tout de A à Z ! De notre côté, il y a plein de choses que nous ne pouvons pas voir parce que nous préparons l’événement, nous ne le vivons pas. »

Toutes les équipes qui accompagnent l’ancien champion du triple effort au quotidien profitent de la basse saison pour passer en revue le questionnaire de satisfaction et les retours oraux afin de déceler les nouveaux points d’ancrage du triathlète dans son sport : « Nous écoutons les tendances, notre sport évolue sans cesse. Ce serait dommage de se dire que tout fonctionne bien et que l’on reste comme ça. On voit des sujets revenir comme le départ en rolling start. On n’a pas choisi de passer sur ce modèle, ce sont les retours des athlètes qui nous ont amenés à ce choix. Nous restons donc attentifs sur le pourcentage de satisfaction et il faut sans cesse l’interroger. Oui, la mass start c’est beau à voir, mais quand certains se préparent pendant des mois, voire des années, et qu’ils passent un mauvais moment sur la natation, il faut aussi le prendre en considération. »

Nous retrouvons cet esprit très collégial voire altruiste dans la réponse du Niçois. « Nos attentes tiennent simplement à ce que les athlètes repartent de Nice avec un excellent souvenir », précise Yves Cordier, qui ne peut s’empêcher d’aborder le sujet des championnats du monde pour appuyer ses propos : « La tradition a été bouleversée, mais quand je me suis retrouvé dans le parc à vélo et que bon nombre d’athlètes m’ont arrêté pour me dire que c’est beau, qu’ils allaient passer une bonne journée, c’était déjà une réussite avant la course et c’est cela qu’on cherche ! » Il surenchérit même avec une affirmation à montrer dans toutes les écoles d’organisation d’événements sportifs : « Le véritable but est de savoir naviguer sur notre course et d’avoir le plus de maîtrise, tout en sachant ajuster avec des coups de correcteur dès que c’est nécessaire pour assurer son bon déroulement. Tout ceci est le signe d’une organisation mature. »

Des évolutions collégialement décidées avec son public

Quand Yves Cordier parle de maîtriser un événement, il passe au crible toutes les actions qui fonctionnent et sur lesquelles il faut continuer de miser, mais surtout, il sait agir en bon père de famille et sait trancher quand la réalité vous montre qu’un service ne fonctionne plus. « Le welcome dinner n’existe plus » nous annonce l’organisateur. Et selon lui, il n’y a aucun doute à faire un lien direct avec la période pandémique du Covid-19 : « Jusqu’à 2019, il marchait fort, et depuis la reprise post-Covid, ça ne prend plus du tout et c’est une tendance mondiale. Nous avions 50 %, puis 40, puis 30% de participation donc on s’est dit qu’il fallait agir, notamment par rapport au gaspillage de la nourriture. C’est quelque chose qui a disparu quasiment dans le silence et ça a pris du temps à savoir ce qu’on allait faire. Néanmoins, il faut contrebalancer cette disparition et nous essayons d’améliorer plusieurs choses comme la cérémonie des slots et la remise de prix qui doivent être émotionnellement à la hauteur. »

Et ce n’est pas tout ! L’expérience IRONMAN sera revisitée sur bien des points comme celui du Village des exposants. « Sur cette partie, on réfléchit à une meilleure expérience et à avoir une attention différente pour les familles et les supporters pour qu’ils y passent un peu plus de temps », argumente Yves Cordier, avant de nous confier une tout autre évolution qui pourrait remplacer de manière efficiente le welcome dinner : « On continue d’améliorer le ravitaillement final pour l’après-course. C’est un moment important car certains finissent tard, et c’est parfois difficile d’aller chercher un restaurant et de rester confortable pour des personnes qui ont couru plus de 12 heures. Certains sont très attentifs à se ravitailler correctement dès l’arrivée. On en profite d’ailleurs pour ramener des choses novatrices et parmi elles des spécialités niçoises comme la socca. »

Organiser un IRONMAN haut de gamme, sans banaliser les championnats du monde

L’arrivée des championnats du monde IRONMAN à Nice en 2023 ne doit en rien impacter l’IRONMAN du mois de juin.  Yves Cordier est très précis dans ses propos pour nous expliquer qu’il faut laisser l’exceptionnel aux championnats du monde sans pour autant déconsidérer les courses du mois de juin : « C’est une question importante car on a souvent vu sur les réseaux : “pourquoi faire cette course alors qu’il y a déjà la course en juin ?” Il n’y a aucun lien entre ces 2 week-ends de course et je pense, au final, que les gens s’en sont aperçus. D’un côté, il y a le festival avec la course que l’on connaît, et de l’autre, il y a les championnats du monde en septembre. C’est tellement différent et le but n’est pas de faire du copier-coller ! Ce serait très dangereux d’opérer de la sorte car on n’évolue pas dans cette dynamique. »

L’expérience athlète doit rester différente et c’est là que nous comprenons que les cahiers des charges et les attentes sont – et doivent – rester différentes. « Pour l’athlète qui est qualifié, il faut vraiment que ce soit incroyable. Pour certains, ce sera une seule fois dans leur vie, et donc si on rapproche les 2, on ne serait pas bon du tout. On ne minore pas pour autant la course de juin. Le seul but c’est de les différencier », précise Yves Cordier. Une ville et 2 expériences hors du commun avec des objectifs différents, Nice devient un peu plus un lieu emblématique pour les triathlètes professionnels comme pour les groupes d’âges. La commune azuréenne restera d’ailleurs aux côtés d’Hawaï pour accueillir les triathlètes qualifiés jusqu’en 2026 en alternant entre les femmes et les hommes une année sur deux.

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Une communauté de triathlon plus fidèle que jamais

Ce sera la 19e édition du Full Distance au mois de juin prochain et en regardant les chiffres, nous ne pouvons qu’être bluffés par la fidélité des triathlètes vis-à-vis de ce rendez-vous. Réunir 5 000 athlètes sur une journée commence à devenir une habitude pour l’équipe IRONMAN niçoise, et ce, dans des délais records : « Nous avons plus d’inscrits que l’an passé au même moment », se félicite Yves Cordier. Nous l’avons aussi interrogé sur les motivations des athlètes pour savoir quels types de profils nous retrouvons dans cette communauté plus que fidèle : « Je pense que 100% des gens qui viennent ne visent pas la qualification. Ils viennent pour profiter de l’expérience niçoise qui est facile d’accès, et au niveau familial on peut faire des choses sympas. Pour d’autres, ce sera un atout de venir découvrir un événement pour savoir où il faut aller avant la course et pour se projeter sur les parcours. »

La fidélité de cette communauté ne tient pas qu’au spot offert par l’organisation IRONMAN. Il y a un travail beaucoup plus profond qui permet de mieux comprendre cet engouement qui perdure dans le temps : « Nous avons des actions de marketing comme le Triclubs qui ont un fort impact sur la communauté. Cela attire beaucoup les clubs et les groupes qui viennent justement pour vivre tous ensemble une émotion particulière. Il y a une réelle volonté pour ces athlètes de partager des valeurs avec leurs proches », complète Yves Cordier.

Cela nous amène naturellement à poser des questions sur la composition de la start list avec notamment un focus sur les professionnels. Toutefois, comme nous explique Yves Cordier, sous sommes trop tôt dans la saison pour annoncer une quelconque participation.  Il ne manque pas d’ailleurs de nous apporter un éclairage sur le sujet : « Le circuit mondial permet de se qualifier assez tôt dans le calendrier. Une partie des grands noms chez les femmes s’est déjà qualifiée. Par contre, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas et il reste peu de courses pour le faire d’ici la fin des attributions pour les pros à Nice. Il y aura quelques courses hors Europe comme le Texas (6 slots chez les femmes). Toutes les femmes qui ne sont pas présentes ou non qualifiées se présenteront donc sur les courses européennes et c’est pour ça qu’elles s’enregistrent plus tard en Europe. »

Rendez-vous le 16 juin prochain pour assister à ce festival du triathlon offert par IRONMAN qui affiche des belles ambitions pour surprendre les triathlètes engagés !