Article paru dans le magazine 204 _mars 2021 / Rédigé par Gwen Touchais
Vaste question que l’introduction des plaques carbone dans nos paires de running ! (Retrouvez d’ailleurs notre dossier dans le n°195). Sans entrer dans le débat pour quantifier le réel gain à en retirer… Il nous semble intéressant d’aborder le sujet sous un angle différent et se demander si une telle technologie peut être utilisée par le plus grand nombre ?
Et pour le coup, je me trouve assez bien placé pour aborder la question. Autant il me serait difficile de vous prouver par (A + B) que vous “casserez” les 30’ sur 10 kilomètres équipés d’une telle paire… Autant avec mes tendons en carton et mes mollets en coton, je suis le parfait cobaye pour tester un modèle à lame carbone sans pour autant avoir des objectifs d’ “élite”.
Notre modèle de test : la Hoka Rocket X
Sur le papier, la Rocket X se place parmi les modèles les plus dynamiques lancés par HOKA à ce jour. La Rocket X est une chaussure de course légère et réactive, destinée avant tout aux athlètes d’élite. Sa grande légèreté au sein de la gamme HOKA en fait un modèle littéralement conçu pour dépasser les limites, plutôt sur des distances courtes. D’un point de vue technique, la Rocket X intègre la même plaque en fibre de carbone que la Carbon X.
Les principales caractéristiques techniques de la Rocket X sont les suivantes :
- Drop de 5 mm
- Poids de 210 g
- Nouvelle mousse légère en EVA conçue pour offrir une foulée réactive et amortie
- Plaque en fibre de carbone de 1 mm conçue pour une efficacité maximale
- Semelle extérieure en caoutchouc placée aux zones stratégiques pour plus de durabilité et d’adhérence
- Tige en mesh ouvert pour plus de confort et de respirabilité
- Languette perforée avec ailettes pour un ajustement stable et confortable
- Profil de semelle typique à Hoka pour faciliter le déroulé du pied
En main et comme souvent pour une paire de Hoka, la sensation de légèreté est toujours aussi présente pour une chaussure de ce volume, et compte-tenu de l’épaisseur de la semelle. Donc rien de vraiment surprenant ici, on commence à y être habitué avec Hoka et les modèles que nous avons testés précédemment (Mach 3).
Mais là où la différence se ressent immédiatement, c’est bien sur la rigidité de la chaussure. On a tous ce réflexe d’essayer de “plier” une nouvelle paire de running… Avec la Rocket X il ne vous faudra pas mollir ! La présence de la plaque carbone est sensible et “plier” la semelle demande un certain effort. La contrepartie est que celle-ci agit comme un ressort lorsqu’on la relâche. Sur le papier et dans les mains, on a donc tout pour en faire une chaussure très réactive.
Mais voyons ce que cela donne aux pieds !
Pour être honnête, j’ai abordé ce test avec un soupçon de crainte… mêlé d’espoir. Je me disais que si une paire de Hoka ne me permettait pas de courir avec une paire de running à lame carbone sans trop risquer de me blesser, alors c’était peine perdue. Cela fait en effet déjà quelques années que j’en reviens systématiquement à Hoka lorsque je suis en délicatesse avec mon physique. Et souvent cela me permet de composer et garder une activité running minimum. C’est donc avec prudence que je me suis lancé sur les premières séances, allant même jusqu’à alterner marche et course pour ne pas brûler les étapes.
L’amorti se montre ferme mais offre cependant toujours ce “je-ne-sais-quoi” propre à Hoka. La semelle “épaisse” est bien là, on a la sensation d’être un peu plus prêt du sol qu’à l’ordinaire en Hoka, et l’amorti, sans être confortable, se montre bien généreux. On est loin de ce que pouvait être une running “performance” auparavant, où l’amorti s’effaçait afin de privilégier la réactivité. La lame carbone semble avoir cet avantage de permettre de conserver de l’amorti tout en gardant une chaussure très rigide.
L’autre point d’attention souvent évoqué sur ce type de chaussure est le manque relatif de stabilité qui peut être accentué par l’épaisseur de la semelle. Je n’ai pas eu une sensation d’instabilité exagérée. La Rocket X se dit neutre et n’offre aucune correction à ce niveau. On dispose donc d’un niveau de soutien que je qualifierais de “naturel”, ne proposant rien de superflu mais cependant présent.
« Une chaussure taillée pour la performance sur route. »
D’un autre côté, la stabilité va aussi de paire avec la vitesse. On peut penser qu’il est plus facile d’être stable à basse vitesse que sur un sprint désordonné. Donc dans la mesure où l’athlète garde un certain contrôle sur sa vitesse et sa technique, la stabilité de la chaussure est moins mise à mal. Attention cependant à la semelle extérieure de cette Rocket X qui elle est très minimaliste. Une large pièce sur l’avant de la semelle et 2 petites sur l’arrière… le tout très lisse ! N’espérez donc pas vous éloigner du bitume avec la Rocket X, au risque de perdre vos appuis mais aussi au risque d’user prématurément vos chaussures. Dans tous les cas, la semelle colle au programme de la chaussure : performance sur route.
Le chaussant de la Rocket X est plutôt étroit mais le volume est généreux sur le coup de pied. On est sur une chaussure assez proche du pied, sûrement avec dans l’idée d’aider à la stabilité. Il est donc très facile de parfaitement ajuster la chaussure même pour les pieds étroits. Le mesh est très fin sans être pour autant minimaliste, ce qui devrait lui conférer une certaine longévité. Aucune signe d’usure à déplorer lors de notre test… Mais de toute façon, ce n’est pas une paire avec laquelle vous devriez faire des centaines de kilomètres.
La coque de la Rocket X est très rigide sur sa partie basse, ne laissant aucune mobilité au niveau du talon. Pour autant, la partie haute est à l’inverse très confortable au niveau du tendon d’Achille. La qualité de l’ensemble est très soignée pour une paire visant la performance.
Mais quid du dynamisme de la Rocket X ? Parce que c’est bien cela qui nous intéresse !Performance mise à part, la Rocket X et sa plaque carbone, c’est le plaisir de courir. Ou comment ressentir des sensations de dynamisme, réactivité et légèreté avec un confort relatif. Avec cette chaussure, on a cette impression de bénéficier des qualités reconnues de la semelle intermédiaire typique d’une Hoka, associées aux qualités d’une plaque carbone, à savoir dynamisme et réactivité. Mais ce qui me plait tout particulièrement, c’est de pouvoir en profiter sans pour autant chasser le chrono à chacune de mes sorties. Alors certes, la Rocket X ne sera pas non plus de toutes vos séances, mais elle procure un réel plaisir pour peu que votre foulée soit légère ce jour-là !
Alors, pour qui cette Rocket X ?
La Rocket X s’avère au final plus abordable (je ne parle pas du prix) que je ne l’aurais pensé initialement. Très dynamique et réactive, elle n’est pour autant pas inconfortable quelle que soit la vitesse. De même, la Rocket X reste stable pour une chaussure de compétition tant que le terrain le permet. Inutile d’essayer de courir en sous-bois ou ailleurs que sur goudron. Avec un rayon de soleil, la Rocket X est une chaussure à vous donner la banane. Elle pourra vous accompagner en compétition sur Sprint et Distance olympique, et bien sûr hors saison dès que l’envie de chasser le chrono vous prend. Reste la question du prix. À 160 €, la Rocket X n’est certes pas donnée, mais elle reste un des modèles, si ce n’est LE modèle, à plaque carbone le plus abordable. Une bonne raison donc de s’y essayer si l’envie vous prend !