Article paru dans le magazine 206 _juin 2021 / Rédigé par Simon Billeau
Quand je vivais en France, l’une des deux personnes qui m’a “mis” au triathlon m’envoyait une carte de bonne année. Ce Monsieur (Gilles Chevailler), doté d’une générosité légendaire, savait toujours trouver les mots justes. J’étais “connu” à l’époque dans notre très jolie région Poitou-Charentes pour m’entraîner trop, ou trop dur. Je flirtais souvent avec le surentraînement. Une de ses cartes comprenait une citation de Simon Lessing, une des figures mythiques de notre si joli sport : « Si je gagne en triathlon, ce n’est pas parce que je m’entraîne plus que mes compétiteurs, mais parce que je récupère plus qu’eux. »
La récupération, souvent reléguée au second plan ou même omise, du fait du manque de temps, fait pourtant partie intégrante de l’entraînement. Qu’on le veuille ou non, nous ne sommes pas des machines et les adaptations physiologiques, psychologiques, biomécaniques et mentales ne peuvent être atteintes que si la récupération entre les séances a été optimisée. La récupération est un domaine que l’on pense connaître. Cependant, les mécanismes de la récupération sont bien plus complexes qu’ils n’y paraissent et les processus pour améliorer la performance sont multi-factoriels.
Savez-vous qu’il faut par exemple 72h à notre corps pour récupérer totalement d’une séance exhaustive à VO2max ? À ce rythme là, si on n’appliquait aucune règle de récupération, on ne pourrait même pas faire une séance “dure” par sport par semaine (en triathlon…). Heureusement, tout un chacun fait plus ou moins d’effort pour diminuer les conséquences négatives d’un entraînement.
Il y a de nombreuses méthodes pour diminuer le temps de récupération : la récupération active, le sommeil, la kinésithérapie, la nutrition et la réhydratation. Mais de nombreuses compagnies ont apporté leur pierre à l’édifice. Cependant, leur produits sont souvent onéreux : électrostimulateur (Compex par exemple), appareil de compression pneumatique (Normatec par exemple), cryothérapie… D’autres sont plus faciles et “gratuites”, comme les étirements et des bains d’eau glacée. Cependant, toutes ces méthodes ont des atouts et des inconvénients. Récemment, j’ai découvert un appareil d’un genre nouveau utilisé dans le monde médical avec succès pour les patients post-opérations chirurgicales pour réduire les oedèmes. Il s’agit de Firefly.
Qu’est-ce que Firefly ?
Firefly est un appareil de récupération qui est petit (186 mm x 31 mm x 11 mm), léger (10 g) donc très facile à emporter, et à usage multiple. Comment est-ce que cela fonctionne ? Firefly se pose sur les deux jambes juste en dessous des genoux. Le Firefly doit être placé sur la tête fibulaire. La localisation de cette partie osseuse est très facile. C’est la protubérance en dessous du genou sur le côté extérieur. C’est la partie proximale de l’os fibula, qui constitue la jambe avec le tibia.
Firefly recommande de placer un doigt sur la partie extérieure de la cheville et de suivre la fibula le long de la jambe, jusqu’à sentir la protubérance qu’est la tête fibulaire.
Firefly est un appareil de stimulation neuro-musculaire. C’est donc différent d’un électrostimulateur qui stimule directement les muscles. En effet, les électrodes stimulent directement le nerf péronier . Ce nerf est important pour les sensations et participe aux fonctions motrices de nombreux muscles des mollets. Ainsi, il suffit de placer les électrodes sur la tête fibulaire et d’appliquer un niveau de stimulation adéquat pour activer les muscles du mollet. Et le tour est joué.
Le corps humain est formidablement bien structuré, avec des systèmes de circulation comme la circulation sanguine. Elle a notamment pour but de transporter et de distribuer des substances essentielles (énergie, oxygène…) aux tissus (muscles, organes…) et d’en retirer les métabolites. Ces deux aspects sont fondamentaux dans un but de récupération après un exercice intense. La circulation sanguine joue également un rôle crucial dans la thermorégulation, la communication humorale (immunité…).
La contraction musculaire, alliée de la récup’
Comme chacun le sait, le système cardiovasculaire est composé d’une pompe (le cœur), d’une série d’artères et de veines, et d’une série extensive de petites veines appelées artérioles, qui permettent des échanges très rapides entre les tissus. En général, un adulte en bonne santé possède un volume sanguin d’environ 5 à 6 litres. Le système veineux contient en général environ 70% du volume sanguin. Du fait de notre position debout et de la gravité, une grande partie de ce pourcentage est contenu dans les mollets.
Conceptuellement, le débit cardiaque est le volume de sang éjecté par le cœur chaque minute. Le retour veineux est quand à lui le volume retournant au cœur durant le même laps de temps. Les deux sont étroitement liés et des boucles de rétro-contrôle régulent le système cardiovasculaire. D’autres facteurs comme les contractions musculaires affectent le retour veineux. Du fait de l’orientation spécifique des valves au sein des veines, le retour veineux peut être stimulé soit par contraction musculaire, mais également par des stimulations électriques externes.
La contraction musculaire des muscles des membres inférieurs diminue la tension artérielle et assiste le retour veineux comme une pompe auxiliaire. Enfin, les contractions musculaires diminuent la pression hydrostatique capillaire (aussi appelée pression transmurale) et augmente la circulation sanguine locale. L’effet sur la pression transmurale a pour conséquence de faire passer de l’eau du milieu interstitiel vers le milieu sanguin. Tout ceci concourt à augmenter le retour veineux.
Il ne fait donc aucun doute que les contractions musculaires sont bonnes pour aider à la récupération. Cependant, qui dit contraction musculaire, dit fatigue cardiaque. Or, on ne souhaite pas accroître la charge de travail de la pompe cardiaque. Qui plus est, nos emplois du temps sont souvent bien chargés. Donc, une récupération active n’est pas non plus l’idéal.
D’autres techniques ont montré des intérêts pour réduire les temps de récupération. Les pompes d’air dynamiques (ou pneumatiques selon les appellations) offrent une alternative aux contractions musculaires volontaires. Cependant, les appareils sont chers (bien au-dessus des 500 €), relativement volumineux et lourds si vous souhaitez les transporter avec vous sur un lieu de compétition, notamment si vous voyagez par avion avec donc une limitation de poids. Mais aussi et surtout, il a été démontré qu’ils sont bien moins efficaces que les électrostimulateurs. Une étude de Shayan Bahadori et al., publiée dans le Elsevier en 2017 et qui n’a reçu aucun financement (c’est toujours bon à rappeler) a montré que les électrostimulateurs augmentent la micro-circulation de 399%, alors que l’IPC (intermittent pneumatic device) l’augmente de 117%. Sachez que l’électrostimulation neuromusculaire de Firefly permet d’augmenter la circulation sanguine des mollets de l’ordre de 60%, ce qui correspond à un effort comme la marche, sans avoir à bouger un orteil !
Quelles différences entre Firefly et un électrostimulateur ?
Un électrostimulateur (type Compex) stimule les muscles directement, alors que Firefly innerve le nerf péronier. Cela réduirait apparemment la fatigue musculaire et donc il serait possible d’utiliser le Firefly pour des périodes prolongées. Quand par exemple, la séance de récupération d’un électrostimulateur est d’environ 25′, Firefly peut être utilisé pendant 24h. J’ajouterais qu’avec un électrostimulateur, il est possible mais difficile d’effectuer une autre tâche alors qu’avec Firefly, vous pouvez vous adonner à d’autres activités comme préparer un repas, voyager sans transporter un boitier…
Côté prix, les Firefly sont très abordables et dans un sport comme le triathlon relativement onéreux, s’offrir un appareil de haute qualité testé cliniquement pour 20 $ est une aubaine. Sans parler du côté pratique, il suffit de placer le point sur la tête fibulaire et “en avant Guingamp” ! On appuie sur le plus (+) pour démarrer l’appareil. Il y a 7 niveaux de stimulation. On augmente l’intensité en pressant le plus jusqu’à obtenir une vibration visible de la cheville. Rassurez-vous, l’étude citée précédemment a également montré que si l’intensité n’était pas assez élevée pour voir des oscillations, il y avait malgré tout une augmentation de 150% de la micro-circulation. Pour diminuer l’intensité, on appuie simplement sur le moins (-). Et pour l’éteindre, on appuie pour quelques secondes sur le moins. Enfin, et ces temps perturbés où les couvre-feu et les restrictions de déplacement font partie de notre vie, avoir un appareil aussi simple à la maison est un atout majeur pour garder sa distanciation sociale !
Personnellement, je l’ai intégré dans ma routine d’entraînement. Après chaque grosse séance, je file à la douche, mes Firefly prêts à être appliqués Je recommande de laver avec du savon la partie basse du genou si vous ne passez pas par la case douche… pour améliorer la durabilité du gel de contact entre l’électrode et votre peau. Enfin, j’enfile mon manchon de compression par dessus.
Du côté des points faibles, Firefly est un appareil qui ne fonctionne que pour 30 heures. Il vous faudra donc en disposer quand la batterie sera déchargée. Mais comme le prix du Firefly n’est pas plus élevé que des électrodes de n’importe quelle marque d’électrostimulateur, cela reste très bon marché.
Plus d’informations : https://www.recoveryfirefly.com/