Malgré son jeune âge, elle a déjà tout d’une « Grande » et un palmarès qui en ferait rêver plus d’une… et plus d’un !
Jeanne COLLONGE revient avec beaucoup de simplicité sur sa saison 2012 et nous livre son programme à l’entame de la saison 2013 que nous lui souhaitons d’ores et déjà très bonne et remplie de belles réussites !
Rencontre avec Jeanne… une triathlète mais pas que …
1. Petit retour en 2012… nous t’avions quittée sur une blessure au pied qui t’avait contrainte à renoncer à prendre le départ de l’IM de Floride… toute première question qui nous vient à l’esprit, comment vas-tu ? Comment te sens-tu ? Physiquement ? Moralement ? Comment as-tu géré cette mauvaise « passe » !?
Une « mauvaise passe », oui, c’est le moins qu’on puisse dire ! J’ai vraiment eu une période difficile, sur tous les plans. Cette blessure a été le commencement d’une longue série. En Floride, ç’a été particulièrement dur parce que je me sentais vraiment bien, et j’étais motivée à 200%. Il n’y a eu aucun signe avant la blessure qui me fasse « lever le pied », puisqu’elle est arrivée brusquement. Mais c’est dans ces moments-là qu’on apprend à être plus fort, et qu’il ne faut pas baisser les bras. Je n’ai pas couru pendant à peu près 2 mois, mais finalement quand j’ai repris je me suis sentie « nouvelle ». Et quel plaisir… Depuis, je m’éclate vraiment dans mon sport, et je trouve un bon équilibre avec mes cours à la fac (traduction audio-visuelle) : tout cela me passionne !
2. Tu as déjà lancé ta saison 2013 en prenant le départ de la 2nde édition du Gwadloup’Tri à Saint François… Victorieuse à nouveau en t’octroyant même le luxe de faire une très belle 4ème place au scratch… Peux-tu nous faire une petite analyse sur cette course et nous livrer tes impressions et ton ressenti ?
Très honnêtement, je ne m’attendais pas à avoir ce ressenti lors de la course. Je ne courais que depuis quelques semaines et c’était très tôt dans la saison, surtout pour s’acclimater… Pourtant, en vélo j’ai réussi à bien m’exprimer, même sur un parcours relativement plat et venté, et en course à pied, je n’ai pas réfléchi … Je suis contente de ces sensations, parce que j’ai appris, avant, pendant et après la course. Et ce qui me plaît aussi, c’est de voir tout le chemin qu’il reste encore à parcourir pour évoluer, progresser. C’est très motivant.
3. As-tu d’ores et déjà planifié ta saison 2013… Aura-t-on le plaisir de te retrouver sur les 3 courses proposées par IRONMAN France (Nice, Pays d’Aix, Marseille)? Peux-tu d’ailleurs nous expliquer comment tu planifies ta saison et quelle(s) sont les raisons qui orientent tes choix de course ?
J’ai en effet plus ou moins planifié ma saison, même si on n’est jamais à l’abri d’imprévus… (cf. Embrun l’an dernier, ou la Floride…). Je veux faire Nice, je l’ai dans le cœur, donc ça va faire partie de mes objectifs principaux. Avant cela, je vais faire le 70.3 de Sainte-Croix aux US, le 5 mai, parce que c’est une course qui m’attire et pourrait me rapporter des points pour Las Vegas (où je souhaite retourner). Ensuite il y aura, je l’espère, les championnats du monde LD à Belfort, une belle occasion pour moi de porter le maillot de l’Equipe de France, mais qui seront seulement 3 semaines avant Nice. Après Nice, c’est plus flou… Je souhaiterais bien sûr refaire Embrun, et Aix, mais tout cela me paraît encore trop loin dans la saison… Comment je choisis mes courses ? Je suis mon cœur, mon intuition !!!
4. Après une saison 2012, riche en victoires et en émotions, quel (s) sont tes objectifs pour 2013 et comment appréhendes-tu cette nouvelle saison ?
C’est vrai que la saison 2012 m’a donnée beaucoup de joie et a été pleine de surprises ! Pour 2013, mes objectifs principaux sont les championnats du monde à Belfort, l’Ironman de Nice, Embrun si tout va bien, puis les championnats du monde 70.3 à Las Vegas. Autour de cela, toutes les courses choisies seront celles qui m’attirent et collent avec le calendrier. Comme l’année dernière, j’aborde cette saison avec de l’envie et le projet de découvrir de nouveaux terrains, pour progresser là où il faut.
5. Quand on est au plus haut niveau comme toi et que l’on réalise de telles performances que ce soit au niveau national et international, connait-on des moments de doutes ? Et surtout comment gère-t-on ces moments difficiles/creux ?
Oh oui, je suis persuadée que tout le monde passe par des moments de doutes. Même les plus grands champions qu’on voit à la télé, pour qui tout semble aller « comme sur des roulettes »… ! Après Embrun, j’ai parfois entendu des gens me dire que je n’avais pas eu l’air de souffrir pendant la course. Il faut savoir que pendant 11h06, j’ai souffert, j’ai eu mal aux jambes, mal au ventre, mal aux pieds, mal partout comme tout le monde. Et pendant ces 11h06 d’effort, il y a des tas d’idées qui me sont passées par la tête, on s’imagine plein de choses… « et comment je vais monter Pallon après tout ça, et mes jambes, comment elles vont faire pour courir ?? ».
Pour moi c’est un peu pareil dans la vie. Il y a des hauts et des bas, et je trouve qu’on apprend parfois plus avec les bas, même si ce n’est pas agréable. Un jour on m’a dit : « La plus grande force de l’Homme n’est pas de ne jamais tomber, c’est de se relever à chaque chute ». Ceux qui savent se relever reviennent parfois plus forts…
6. Il y a maintenant 3 ans que tu as pris la décision de venir sur Nice t’entraîner sous l’égide d’Yves CORDIER… Vous entamez aujourd’hui votre 3ème saison de collaboration… peux tu nous dire quelques mots à ce sujet (bilan, analyse, perspectives…)
Chaque jour, je me rends-compte de la chance que j’ai d’être sous l’égide d’Yves Cordier. Il ne laisse rien au hasard, tous les aspects de l’entraînement sont raisonnés, c’est-à-dire le contenu lui-même mais aussi tout ce qui l’englobe et qui finalement prend une place considérable dans la performance. Je ne peux qu’avoir un bilan et une analyse positive de notre « collaboration ». Il y a 3 ans, j’ai suivi mon intuition et ça a fonctionné ! Je crois que la confiance est primordiale. Et ce que j’apprécie beaucoup chez lui, c’est sa présence, car il peut juger lui-même de notre état de forme (tant physique que mental), et il adapte constamment l’entrainement en fonction de ça. Puis avant tout, c’est un passionné, qui aime transmettre son savoir ! J’ai bien entendu énormément de projets et je compte sur lui pour m’aider à les réaliser !
7. Tu étais au départ du semi-marathon de Marseille ce dimanche… course que tu as programmé récemment… Peux-tu nous donner les raisons qui t’ont poussé à prendre le départ de cette course et nous faire l’analyse de ton résultat ?
Au début, je voulais faire un 10kms pour me qualifier aux championnats de France ensuite, mais les courses se sont mal présentées dans le planning, et Yves m’a parlé de Marseille. Moi j’aurais bien fait le marathon ( !) mais c’était bête en début de saison, donc le semi nous a semblé être une bonne idée. J’avais surtout envie de le faire, parce que je n’en avais jamais fait, et je me sentais bien en courant. Je suis très contente du résultat, parce que j’ai réussi à faire une course régulière, sans craquer, et en prenant du plaisir même sous la pluie. Je ne savais pas trop quel temps j’étais capable de faire, mais 1h17, ça me satisfait bien sûr !
8. Et à côté du triathlon… à quoi ressemble la vie de Jeanne… On imagine que ton emploi du temps est bien chargé côté entraînements… mais trouves-tu le temps de t’adonner à d’autres loisirs et si oui, quel(s) sont ils ?
C’est vrai que l’entrainement prend beaucoup de temps, d’autant plus cette année puisqu’il a un peu évolué depuis les années précédentes. Mais j’ai tout de même fait le choix de reprendre mon Master cette année à la fac de Nice. Je fais un Master 2 en Traduction sous-titrage et doublage, qui me plait beaucoup ! Heureusement, j’ai le « droit » de louper certains cours, mais c’est à moi de tout rattraper ensuite. Je n’ai pas d’aménagement de mon emploi du temps, car je suis la seule athlète de « haut niveau » de ma promo. Tout cela demande une organisation très calée, surtout que je ne veux pas négliger les moments de récupération, tranquille chez moi… Parfois j’ai des journées « spiderwoman», ou je passe des habits de vélo à ceux de l’étudiante en l’espace de quelques minutes ! A côté ça, j’adore jouer au piano (ça me détend..), aller au ciné si j’ai le temps et surtout voir mes amis.
9. Côté environnement familial et social…Tu es originaire de Saint Etienne et expatriée à Nice depuis maintenant 3 ans… Comment cela se passe-t-il pour toi ? Comment gère-t-on une vie de sportive loin de ses proches ?
Je dirais que mes jambes sont niçoises et mon cœur est stéphanois… C’est un choix de vie, où j’ai certes des inconvénients car mes proches me manquent (surtout mon ami d’enfance et ma famille), mais où je m’épanouie pleinement ; et j’ai la chance d’avoir justement des proches qui me soutiennent et me comprennent. Je ne les remercierai jamais assez pour ça. Je savoure les instants que je peux passer avec eux lorsque je retourne « chez moi », ou lorsqu’ils viennent à Nice « chez moi » ;-). La distance fait aussi prendre conscience de la valeur des êtres qui nous sont chers. Ici à Nice, je suis également très bien entourée, j’ai des amis sur qui je sais que je peux compter, et j’ai un coach exceptionnel…
Un grand Merci à Jeanne pour le temps accordé…
L’équipe d’IRONMAN France lui souhaite une très bonne course et vous donne rendez-vous début mai pour suivre son entrée sur le circuit IRONMAN mais aussi et surtout pour partager avec elle ses impressions et son analyse de course !