Article paru dans le magazine 231_Septembre 2023 / Rédigé par François Bonnafoux et photos d’Activ’Images

Quand l’été a déjà quitté l’hémisphère nord depuis 2 bons mois, l’Océan Indien se prépare à accueillir le triathlon le plus haut du monde. C’est en effet en plein mois de décembre que François Pierré et toute son équipe ont décidé d’organiser une course aussi mystique que mythique. Bienvenue sur l’Île de la Réunion pour transformer, l’espace d’un week-end, ce territoire de trailers en terre promise pour les triathlètes. Tout est dans le titre : la 0–3000 nous propose un départ dans le somptueux lagon de Saint-Pierre avant de donner le tournis avec les 400 virages du cirque de Cilaos, pour enfin aller dompter le Piton des Neiges endormi et ses 3070 mètres d’altitude.

François Pierré, Président de Le Club Triathlon et aussi Directeur de course, aime à rappeler que « Sur la 0 – 3000, vous allez découvrir autant de paysages que d’émotions. » La réputation de la Réunion n’étant plus à faire, on sait que le spectacle sera au rendez-vous ! Nous vous invitons à lire jusqu’au bout, car nous vous emmenons au paradis !

Une course artisanale à fort potentiel

Quand on questionne l’intéressé, il nous confie que : « C’est une course que j’ai imaginée au fond de mon lit (…) on l’a lancée alors que nous n’étions que 2 à travailler dessus et aujourd’hui nous sommes 5. » Si l’organisateur est quelque peu (agréablement) surpris du succès rencontré, il rappelle que cela reste une course très artisanale : « La 0-3000 est encore jeune donc il y a pas mal de pistes pour améliorer les choses. » Avec ses 30 ans d’expérience en tant que triathlète, et maintenant qu’il côtoie les organisations et instances professionnelles du triathlon au travers du parcours de sa fille (Marjolaine Pierré, championne du monde longue distance), François Pierré a conscience du parcours à réaliser pour faire de cet événement une « grosse organisation. »

Pour cette 4e édition, son équipe se met au diapason du succès rencontré par l’épreuve pour assurer et assumer un service de qualité auprès des concurrents : « On préfère pour le moment améliorer l’existant plutôt que d’ajouter des services en plus. Ça ne sert à rien de rajouter par exemple 2 ravitaillements juste pour dire qu’il y en a davantage (…) Les athlètes repartent avec pas mal de souvenirs grâce notamment aux goodies, et on aimerait continuer à leur en fournir avec une qualité toujours supérieure ! »

Après une 3e édition qui a beaucoup fait parler d’elle en métropole avec la venue de grands champions en cyclisme et en triathlon, les organisateurs mettent les bouchés doubles pour passer d’une « course artisanale » qui brille grâce à son concept original, à une course pleinement aboutie. « On est sur une première phase de découverte. Peut-être qu’on passera dans une seconde étape d’engouement total. » confie François.

Les idées ne manquent pas pour développer ce concept unique, et certaines d’entre elles sont ambitieuses et pleinement assumées concernant le format de la course. « On peut l’améliorer en 70.3 en rallongeant le parcours vélo dans les plaines et bas plateaux, et en organisant une arrivée plus standard, mais tout aussi spectaculaire sur Cilaos », avance François.

L’aspect convivial n’est pas non plus laissé pour compte et à ce jour, la volonté est de créer un moment après la course où tous les athlètes peuvent se réunir pour partager ensemble leurs souvenirs, tout en assistant au sacre des grands vainqueurs : « Je vois bien ce moment autour d’un bon rougail saucisse avec une troupe de danseurs pour partager une dernière fois les émotions de cette journée incroyable. » glisse l’intéressé.Le fondateur de ce triathlon unique est bien conscient qu’il faudra tisser davantage de partenariats institutionnels et sportifs pour faire aboutir toutes ces idées : « La course est valorisée (…) Les athlètes s’inscrivent, les athlètes adorent et les athlètes reviennent pour la faire une 2e ou une 3e fois (…) Il reste à convaincre davantage les partenaires et institutions. »

Si du chemin reste à faire sur cet axe, les bénévoles sont au rendez-vous et participent activement à cette « ambiance amicale et chaleureuse » qui colle à la peau de l’événement. Les Réunionnais restent fidèles à leur réputation et le staff de la course peut compter sur le soutien d’associations locales, des étudiants en sport (STAPS) et de son réseau local pour couvrir leurs besoins. « On arrive à avoir plus de 80 bénévoles qui donnent énormément de leur temps (…). Pour être bien, il nous en faudrait 120 » constate François.

C’est pourquoi l’idée de triathlon participatif a vu le jour : à chaque bénévole proposé par un concurrent, ce dernier se voit appliquer une remise sur son inscription. C’est une opération coup double pour les triathlètes, puisqu’en plus d’avoir de bonnes conditions de sécurité assurées, ils peuvent bénéficier des encouragements de leurs proches ! Le recrutement reste tout aussi important que l’expérience bénévole et il est certain qu’il faut les « choyer », comme le rappelle François, en attendant d’être plus nombreux pour les remercier de leur implication largement reconnue par les organisateurs.

« Il y a quelque chose de spirituel qui règne sur ces terres volcaniques, quelque chose qui dépasse le sport (…) On y va pour découvrir une course et puis on y découvre une population, une gastronomie (…) À chaque virage se dévoile un autre paysage, une autre émotion. »

Un parcours 5 étoiles entre terre, mer et volcan !

Petit détour sur la course en elle-même et son format unique. La 0–3000, c’est une distance olympique assaisonnée de dénivelé ! On retrouve les 1500 mètres classique de natation d’un M, et c’est après que ça se corse… 45 km de vélo avec 1800 m de d+, puis 10 km de trail avec tout autant de dénivelé. La « verticale des fous » ainsi que sa petite sœur, la 0–2000, attirent plus de 700 participants dont 98% sont des locaux. C’est un argument non négligeable à faire peser dans la balance et c’est pour cette raison que le format duathlon est proposé sur les 2 courses. « On propose systématiquement sur nos formats de course un duathlon, car les locaux qui répondent présent en masse réagissent mieux à ce type d’effort », rappelle François.

Enfin, c’est un triathlon qui se veut aussi impressionnant qu’accessible, puisque certains dossards sont aussi réservés pour les relais ! Cette année, l’équipe de François Pierré croise les doigts pour réussir à faire nager les 750 triathlètes attendus dans le lagon. L’an passé, une pollution avait malheureusement contraint l’organisation à annuler cette partie. « C’était la première fois en 12 ans que j’organisais des événements qu’on voyait ça. Tout était réuni pour que ce soit une belle édition et cette pollution nous a fait douter un court instant. On a su se remobiliser rapidement. L’objectif était juste de communiquer auprès des athlètes et finalement tout s’est bien passé, les concurrents étaient ravis » se félicite François.

Une dynamique de course qui fidélise

À écouter l’organisateur, on a cette idée qui nous traverse l’esprit, l’impression que la 0–3000 est l’incarnation même de ce qu’on attend d’un triathlon, avec une (triple) dynamique de course : « La natation donne un premier classement. Dans la montée de Cilaos, il se passe pas mal de choses car c’est une longue montée et le classement bouge énormément. Et pour finir, il y a de nouveaux rebondissements avec le trail qui est ultra exigeant. Au niveau sportif c’est hyper intéressant car il y a des mouvements de course assez incroyables. Vous ne gérez pas la 0-3000 comme vous gérez un autre événement. » Ce triathlon dispose d’un solide terreau de participants avec bon nombre de visages connus marqués d’envie de se surpasser, et qui reviennent d’année en année.

En somme, c’est une course pensée pour les Réunionnais qui aiment le sport et chérissent leur île tant ils semblent la redécouvrir à chaque édition : « Une fois qu’ils ont participé, les concurrents reviennent. Il y a quelque chose de spirituel qui règne sur ces terres volcaniques, quelque chose qui dépasse le sport. Certains font cette course pour rejoindre le sommet de leur île. C’est un peu comme un pèlerinage et c’est ce qui rend aussi cette course unique. » Le Directeur de course nous confie que la 0–3000 est bien plus qu’un triathlon classique, car elle permet de venir fouler le sol réunionnais qui est déjà « l’expérience d’une vie. »

Paysages paradisiaques, ascensions exceptionnelles, voyage d’une vie… Les ingrédients sont réunis pour vous proposer une rencontre hors-norme avec l’un des joyaux de notre planète autour d’un triple effort, organisé avec soin. En attendant le 2 décembre, laissons une dernière fois la parole au leader de l’organisation pour vous décrire de la plus belle des manières le triathlon le plus haut du monde : « On y va pour découvrir une course et puis on y découvre des paysages, on y découvre une population, on y découvre une gastronomie. On ne fait que monter en surprise et en émotion. À chaque virage se dévoile un autre paysage, une autre émotion. »

L’essentiel 

  • 2 décembre 2023
  • Départ à 7 h au lagon de Saint-Pierre