Article paru dans le magazine 215 avril 2022 / Rédigé par Simon Billeau
Améliorer ses performances en triathlon fait partie du but recherché par de nombreux triathlètes. En raison des distances des trois sports qui composent le triathlon, nous passons environ 55% de notre temps sur le vélo. Il est donc indéniable qu’améliorer ses performances en cyclisme aura un effet positif sur le temps global sur une épreuve. Mais cette recherche de performance ne doit pas se faire au détriment du confort, notamment au niveau du dos. C’est là qu’intervient Thsobo, un support lombaire autant innovant qu’efficace.
En analysant les critères déterminants et limitants de la performance, on pense évidemment à améliorer le coefficient de la traînée aérodynamique (CdA). On sait également que le rapport watts par kilo de poids du système « vélo + triathlète” est important. On sait donc qu’il faut peser le moins possible et qu’on doit développer autant de watts que possible.
Le triathlète est en contact avec son vélo en trois points : guidon, pédales et selle. La grande majorité d’entre nous a fait un positionnement en vélo pour améliorer le CdA, prévenir les blessures et développer une puissance mécanique la plus élevée possible. Il y a des points à étudier au sujet des pédales et du guidon. Quant à la selle, seuls la hauteur, le recul et l’inclinaison sont des critères que l’on peut modifier. Pourtant, dans un passé qui n’est pas si lointain, les cyclistes pros utilisaient des selles qui leur permettaient d’apporter un support lombaire et/ou un gain sur la traînée aérodynamique.
En effet, par exemple, Thierry Marie gagna le prologue du Tour de France 1986 devant Bernard Hinault et autres spécialistes, notamment grâce à sa selle.
J’ai recensé 4 marques qui proposaient des selles avec l’arrière relevé :
- Selle Italia
- Gitane
- San Marco Concor
- Kashimax.
Mais l’UCI est venue comme souvent “mettre son grain de sel” et a banni ces selles. Depuis, les selles sont toutes plates, à quelques exceptions comme les selles SMP et Dash. Mais le renfort au niveau lombaire n’a rien à voir avec leur prédécesseurs. Une société germano-autrichienne, B&T Innotec, vient de présenter au dernier salon de l’Eurobike en 2021 son innovation.
Ce produit s’appelle le TSHOBO. Il s’agit d’un support lombaire qui se fixe sur les rails de votre selle comme le font les différents supports d’hydratation du marché. Il est donc facile à installer à l’aide de 2 vis et est compatible avec les différents diamètres de rails, que ce soit en acier inoxydable ou en titane. Notez cependant que le site internet de TSHOBO ne recommande pas l’utilisation d’une selle disposant de rails en carbone. J’ai néanmoins effectué l’entièreté du test avec ma Selle Italia Watt qui en est pourvue sans le moindre souci. Sachez que ces rails sont dans la quasi-totalité des cas également composés de kevlar et que la force de compression qu’ils peuvent soutenir est très grande.
Côté poids, ce produit n’est pas à ranger dans la catégorie des poids plumes. Le système seul pèse déjà 479 g, auquel il faut ajouter les mousses (les boules rondes ne font que 24 g) et le double variateur qui pèse 149 g. Cependant, il faut nuancer ce désavantage car ce support lombaire fait également office de porte-bidon derrière la selle. Ainsi, vous pouvez retirer 100 g dont il faudrait tenir compte avec l’ajout d’un porte-bidon. Par exemple, le XLab Super Wing est à 85 g sans les boulons. Les mousses sont hydrophobes et donc n’absorbent ni l’eau ni la sueur. Ainsi, le TSHOBO n’alourdit votre monture que d’environ 400 g. Ce surpoids n’est pas en soi le plus gros désavantage pour la pratique du triathlon.
« Le support TSHOBO permet d’avoir un bassin stable sans oscillation dans le plan sagittal. Cette économie peut être directement utilisée pour produire plus d’énergie mécanique. »
Ma première “confrontation” avec le TSHOBO est survenue lorsque j’ai voulu enfourcher mon vélo. En effet, le partie haute du TSHOBO se situe environ 25 cm plus haut que le dessus de la selle. Il faut donc lever la jambe bien plus haut. Je ne me vois pas faire une transition rapide lors d’un triathlon avec le TSHOBO en l’état. Cependant, après discussion avec les inventeurs, ils préparent d’ores et déjà des modèles spécifiques pour le triathlon où le support lombaire pourrait être modulable facilement.
Ensuite, je m’attendais à ce que ce support lombaire puisse m’aider à me caler dans ma position aérodynamique et ainsi que je puisse me focaliser sur la production de puissance, sans gaspiller d’énergie à me maintenir dans une position optimale. Malheureusement pour moi, ma position est telle que je roule trop sur l’avant de la selle pour avoir les mousses lombaires en contact avec mon bas du dos. À l’opposé, lorsque je suis avec les mains en haut du guidon et plus à l’arrière de la selle, le support est presque trop contraignant. Il faudrait donc une sorte d’ajustement au vol un peu comme la tige de selle révolutionnaire de chez Redshift, qui nous permet de transformer un vélo de route à géométrie traditionnelle en un vélo avec une position agressive en un “basculement sur l’avant” (et vers le haut…). C’est lorsque j’étais assis en position de relance et lorsque je montais que j’ai pu réaliser l’effet bénéfique du renfort lombaire. Le support TSHOBO permet d’avoir un bassin stable sans oscillation dans le plan sagittal. Cette économie peut être directement utilisée pour produire plus d’énergie mécanique.
À partir de 269 €, ce produit reste très abordable. Il lui reste maintenant à devenir spécifique pour les positions de contre la montre. Le variateur permet aux mousses d’être assez en avant pour apporter un support lombaire. Ainsi, si vous considérez l’achat de ce produit, posez-vous d’abord la question de savoir où vous vous situez sur votre selle lorsque vous êtes en position de recherche de vitesse. Si vous êtes comme moi relativement sur l’avant de la selle, optez pour le variateur. Si vous êtes plutôt sur l’arrière de la selle, le modèle basique serait plus adapté.
J’aime beaucoup l’idée et le concept de TSHOBO. Néanmoins, en l’état, je ne le recommanderais que pour les entraînements et peut-être pour des épreuves où le dénivelé est important, genre triathlon de l’Alpe d”huez ou Embrunman. Je parie que des variations de ce modèle fleuriront en 2022 et je garderai un oeil sur leur site car les gains dans cette zone sont réels.
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