CANYON SPEEDMAX DISC

Article paru dans le magazine 202 (décembre 2020)_ Test réalisé par Gwen Touchais

Le lancement du tout nouveau Canyon Speedmax, c’est déjà un bel évènement. Mais quand on sait qu’il est le résultat d’innombrables heures de design et de simulations CFD (Computational Fluid Dynamics, Mécanique des Fluides Numérique), d’une centaine de runs pour validation en soufflerie, et le tout en étroite collaboration avec les meilleurs athlètes du monde sur distance Ironman… on en salive d’avance ! Cette 3e itération du Speedmax se plie à tous les standards actuels : Aéro, intégration, freinage disque… et le tout sans contraintes UCI !

Mais comment peut-on faire mieux qu’une version lancée en 2015 et qui depuis a tout raflé !? Avec 5 victoires à Kona lors des 5 dernières années, 2 titres sur 70.3 et 3 titres de champion d’Europe, le Canyon Speedmax a déjà tout gagné. Canyon n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers pour autant et la marque allemande sait tout aussi bien qu’il faut sans cesse se renouveler, pour continuer à gagner !

Le challenge était donc de taille… Comment rendre un vélo aussi performant encore meilleur et plus rapide ? Choisir un design aérodynamique qui change la donne et le rendre encore plus efficace ? Améliorer les solutions de stockage et de nutrition intégrées ? Après d’innombrables heures d’analyse et de simulation, des milliers de kilomètres de tests en soufflerie en étroite collaboration avec les partenaires de Swiss Side, c’est ce que Canyon a réalisé : « Nous nous sommes concentrés sur 3 domaines clés dans le développement du Speedmax : l’aérodynamisme, l’intégration et l’ajustabilité. Et le résultat est un nouveau vélo qui se distingue des autres vélos de son segment » explique Daniel Heyder, Product Manager de l’équipe R&D de chez Canyon. Et Canyon ne s’est pas contenté de nous livrer une nouvelle version de son modèle phare le plus abouti. C’est la gamme dans sa globalité qui se voit renouvelée, afin d’en faire profiter toutes les bourses (ou presque).

Il y a tout d’abord le nouveau Speedmax CF Disc. La nouvelle gamme 2021 a un prix d’appel à 3 699 € et offre des performances équivalentes à celles de la précédente gamme de Speedmax CF SLX. Grâce à une conception entièrement remaniée, le nouveau CF n’est que 0,2 watt plus lent dans la soufflerie (à 45 km/h) que les vélos que Jan Frodeno et Patrick Lange ont utilisés lors de leur chemin vers la gloire au championnat du monde Ironman à Kona. La gamme CF sera composée de 6 modèles, dont le modèle haut de gamme : le Speedmax CF 8 Disc eTap à 6 499 €. Les 6 modèles partagent une nouvelle géométrie, une nouvelle bento box, une nouvelle boîte à outils au-dessus du pédalier et une fourche optimisée aérodynamiquement pour les freins à disque. Une sélection de ces modèles sera également équipée de capteurs de puissance en série.

Pour les triathlètes qui visent encore plus haut, les Speedmax CF SLX Disc et Speedmax CFR Disc viennent compléter le haut de gamme de la famille Speedmax. 3 axes de développement ont été privilégiés pour ces modèles : aéro, intégration et souci d’un positionnement aisé de l’athlète sur le vélo, en offrant un panel de réglage exceptionnel ! En termes d’aérodynamisme, ils sont 9 à 10 watts plus rapides que le précédent Speedmax.

Parce qu’on n’est pas triathlètes pour rien : tous les CF SLX et CFR sont équipés d’un capteur de puissance.

Le cadre n’est pas non plus seulement plus léger et plus rigide, mais il est aussi plus maniable, grâce à une meilleure répartition du poids, résultat de l’intégration intelligente du système d’hydratation et de la boîte à outils dans la structure en carbone. Ces modèles offrent donc un niveau d’adaptabilité inégalé. « Même lorsqu’ils règlent leur vélo chez eux, les athlètes ont plus d’options, et de meilleures possibilités pour régler parfaitement le Speedmax, sans que le processus ne devienne trop compliqué » déclare M. Heyder. Un impressionnant kit de montage / réglage est fourni avec le vélo, et contient tout ce qui est nécessaire pour ajuster la position du cycliste jusque dans les moindres détails, même dans le cadre d’un réglage précis avec un “bikefitter” professionnel.

Enfin, en termes de prix et avant de se concentrer sur notre modèle de test, le Speedmax CF SLX Disc sera vendu entre 7 799 € et 8 499 € et les modèles Speedmax CFR Disc seront commercialisés entre 9 999 € et 11 999 €. À ce prix, les Speedmax CF SLX ou CFR s’adressent aux plus exigeants d’entre nous, sans aucune concession que ce soit, pour la chasse aux performances ou pour votre portefeuille. Pour autant, ces prix sont alignés sur ce qu’il se fait chez la concurrence pour les meilleurs “superbikes”

Mais passons aux choses sérieuses. Car une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, il se trouve qu’en plus de nous annoncer son nouveau Speedmax, l’équipe Canyon nous a fait l’honneur de nous mettre à disposition de manière exclusive le Speedmax CFR eTap, le fleuron de la gamme Speedmax.

Le modèle testé en exclu Canyon Speedmax CFR Disc eTtap

Le Speedmax CFR, c’est Noël avant l’heure pour tout triathlète : cadre Speedmax dans « sa série exclusive CFR » (Canyon Factory Racing), groupe Sram eTap, roues Zipp 858 NSW …. Seulement le meilleur du meilleur. La configuration CFR, c’est la garantie d’un vélo prêt à évoluer au plus haut niveau de performance, avec une attention du détail, qui est seulement disponible sur cette gamme.

Quelles sont les principales caractéristiques de notre Speedmax CFR ?

Freinage disque !

Il va falloir s’y faire, la nouvelle génération des “superbikes” se verra équipée de freins à disques ! Que l’on aime ou pas, que cela se justifie ou pas, avec ce dernier Speedmax aussi, vous n’aurez plus le choix. Canyon a su relever le défi, à savoir produire un cadre dédié aux freins à disques tout en contenant le poids et en soignant l’aéro. On pourrait tout de même déplorer que ce nouveau cadre ne s’allège pas vraiment (mais est-ce primordial pour autant ?)… On ne croit pas, l’essentiel étant ailleurs, puisque le poids se maintient tout en améliorant l’aéro général du vélo. On notera tout particulièrement, l’intégration du disque sur la fourche. Peu de marques ont poussé le souci du détail jusque-là. Le freinage à disque offre un meilleur confort de freinage que les freins à patins, avec un véritable gain dans sa modulation… sans évidemment oublier de mentionner l’efficacité indéniable en conditions humides.

Aérodynamisme et intégration !

Environ 9 watts de mieux que son prédécesseur. Comme toujours à prendre avec des pincettes, en fonction de votre position, votre casque, votre tenue… Les deux sont étroitement liés dans la mesure où faire le cadre le plus aéro du monde n’a que peu d’intérêt si vous devez y scotcher une chambre à air ou vos gels dessus… La conception du Speedmax s’est donc attaqué au problème dans son ensemble et au vu du résultat sur notre modèle de test, on peut dire que l’on n’est pas déçu ! Ce qu’on peut vous confirmer, c’est que Canyon met la barre très haute, là où aucune autre marque ne l’a mise jusqu’à maintenant, pour ce qui est de l’attention du détail. C’est bien conçu, c’est propre… c’est germanique si j’ose dire.

Tout d’abord, qui dit intégration dit Cockpit. Double challenge ici et sûrement le plus important : un cockpit propre dénué de tout élément perturbateur d’un point de vue aéro, mais également un cockpit offrant une liberté exceptionnelle d’ajustage et de réglage. Côté intégration et grâce à l’eTap on va dire que c’est presque facile …. Mais là où le Canyon fait très fort c’est pour l’ajustabilité de l’ensemble ! On a donc à faire à une liberté de réglages en longueur, hauteur, angle et écartement qui ne devrait pas vous donner d’excuse… Si vous êtes mal posés, ce n’est certainement pas a faute au Speedmax, mais plutôt dû à votre manque de souplesse.

Le kit de montage contient par défaut toutes les pièces vous permettant d’ajuster votre position. Canyon s’est également associé avec la marque Ergon pour la production de grip custom pour le Speedmax. À titre d’exemple, les grips de la version eTap sont différents de ceux de la version Di2. Quand on vous dit « souci du détail » ! Et à l’usage, cela se confirme. Là où des grips standards obligent parfois le port de gants afin d’améliorer le confort ou la prise en main, le Canyon est très confortable que ce soit sur le basebar ou sur le prolongateur. Si tout cela ne devait pas suffire à vous poser correctement, il est possible à la commande d’opter pour différentes options de cockpit : basebar plat ou en V, court ou long… Et de même pour les extensions en 3 tailles (S,M,L).

Avec le Speedmax, l’intégration et la finition sont irréprochables. Jamais vues à ce jour sur un vélo de tri.

Cerise sur le gâteau (ça commence à faire beaucoup), vous pouvez également vous offrir le kit “PRO Armrest” pour la somme de 299 € et ainsi profiter de la version industrialisée des reposes bras utilisés par Jan Frodeno en 2019 à Kona ! Pour le prix du Speedmax CFR eTap, on vous avoue qu’on aurait bien vu cette option offerte dans le kit d’origine. Surtout dans la mesure où les équipes de Canyon nous confirment un gain important et que l’essayer, c’est l’adopter !

Intégration du système d’hydratation

Personne aujourd’hui ne contestera l’importance de la nutrition en course ou à l’entraînement et donc de l’hydratation. Là encore, Canyon a été chercher la référence en s’associant avec la marque Hydrapak. Le résultat est un système d’hydratation de 600 ml (tailles de cadre XS et S) à 700 ml (tailles de cadre M, L et XL) parfaitement intégré dans le tube diagonal du Speedmax. L’emplacement du système d’hydratation contribue également à l’équilibre du vélo tout en conservant un centre de gravité bas. Souci du détail oblige, un système de remplissage rapide et spécifique a été conçu pour les ravitaillements en compétition. Pour autant, le Speedmax dispose également de fixations pour l’équiper de gourdes, que ce soit sur le tube diagonal, tube de selle ou encore derrière la selle.

Intégration de la Bento Box

Fini la Bento Box bricolée ou encore en plastique, l’ouverture mi-ouverte mi-fermée… Chez Canyon et sur le Speedmax c’est propre et sans bavure. En l’intégrant au cadre c’est light mais c’est aussi aéro au possible, on pourrait dire invisible. Cette intégration c’est aussi un gain d’environ 200 g. Côté contenance, on est sur 2 barres et un ou deux gels. Peut-être un poil juste pour un Ironman

Intégration du kit de réparation

Placé au-dessus de la boîte de pédalier, le kit de réparation, d’un poids d’environ 160 g (une chambre à air light, 2 mini démontes pneus, une cartouche de CO2) vient se fixer ingénieusement dans le compartiment avec un système de scratch. Là encore et on se répète, Canyon ne se contente pas de vous laisser la possibilité de stocker votre nécessaire de réparation. La marque s’attache aux détails et vous livre ainsi une solution complète et optimisée. Le système de fermeture de la trappe est simple mais efficace, il ne bouge absolument pas à l’usage et ne laisse entendre aucun bruit même sur un mauvais revêtement.

Équipements haut de gamme

À cadre d’exception, équipements d’exception. Pour notre version test, le Speedmax CFR est équipé du groupe Sram eTap AXS 2x12V, intégrant un capteur de puissance. Nous ne nous étendrons pas sur la qualité du groupe qui se montre évidemment à la hauteur… comme le serait tout autant le haut de gamme de chez Shimano. À ce niveau, le choix du groupe nous semble plutôt se faire au niveau des préférences des uns et des autres, puisque dans tous les cas cela ne devrait que peu influencer sur vos performances. Même remarque pour les roues et sans n’avoir rien à reprocher à cette magnifique paire de Zipp 858 NSW, il se peut qu’en fin de compte une paire de roues plus polyvalente soit mieux adaptée à votre pratique ou votre terrain de jeu. Donc oui, rien à signaler avec ces Zipp 858 NSW et vous en aurez pour votre argent. À vous de voir si vous aurez l’utilité d’une jante haute de 80 mm à l’avant…

Sur la route !

Les qualités de ce nouveau Speedmax CFR sont évidemment multiples mais la première nous venant à l’esprit est le confort. Rien de surprenant à cela dans la mesure où le confort se joue souvent sur des détails, qu’ils soient visibles ou pas : la conception du cadre, la forme d’un cintre, la qualité des grips et pads, l’ergonomie du cockpit… Et le résultat est à la hauteur des efforts de Canyon : tout tombe sous la main ou sous la jambe devrait-on dire. Cette impression de faire corps avec le vélo est plus vraie que jamais. Cela se vérifie également au freinage où les grips Ergon sont terriblement efficaces et permettent une excellente prise en main du levier. Finies les longues descentes inconfortables avec le vélo de chrono. Équipé de la potence “courte” de 55mm, notre Speedmax CFR s’est révélé très maniable et très joueur. La contrepartie est que je me suis aussi fait parfois un peu chahuter sur l’avant par le vent ou encore par les turbulences d’un bus ou camion. Effet surement renforcé par la jante haute de la Zipp 858 NSW et peut être aussi l’épaisseur de la fourche.

Le Speedmax se révèle évidemment redoutable sur les bouts droits plats, légèrement montant ou légèrement descendant. Sur ces portions, il invite à mettre du braquet et baisser la tête. La machine est rigide à souhait, une bête à rouler tout simplement. Le Speedmax ne reniera pas ses origines germaniques et ne pourra nier non plus ce pour quoi il a été conçu : gagner Kona encore et encore. Il vous faudra donc être clair sur ce pourquoi vous voulez l’utiliser. Privilégier les parcours rapides et roulants, sans trop de relances et ou entretenir votre vitesse sera donc l’objectif principal.

Grâce à son ergonomie et à ses qualités de descendeur (les vôtres aussi vraisemblablement), vous pourrez bien sûr l’utiliser sur un parcours tel que l’Ironman France mais ce n’est pas son terrain de prédilection. Le Speedmax n’est pas le plus léger des “Superbikes”, même si l’on considère que ce n’est pas la qualité première d’un vélo de chrono triathlon. Pour autant, et si votre truc à vous c’est plutôt Frankfort, Roth ou Klagenfurt, alors ne cherchez pas plus loin ! Le Speedmax n’est pas ce qu’on appelle un vélo polyvalent, il vise plutôt la recherche de la vitesse pure avant tout… Le Speedmax sur la route, c’est aussi le plaisir d’un vélo qui ne fait pas de bruit : rien ne bouge, rien ne “bringuebale”. On a trop vu par le passé des vélos pour lesquels la qualité d’intégration des différents éléments (bento box, kit réparation, hydratation, …) laissait à désirer. Avec le Speedmax, la finition est irréprochable.

La vitesse pure avant tout. Une bête à rouler sur le plat et les faux plats.

Vous dire que vous irez forcément plus vite avec le Speedmax est difficile. Vous dire que vous prendrez beaucoup de plaisir à rouler avec ce Speedmax, nous n’avons aucun doute ! Et avec de l’entrainement et une bonne position, il n’y a aucune raison que le Speedmax CFR ne vous amène pas au niveau de performance souhaité ! Pour ce qui est du prix, ne vous focalisez pas seulement sur cette version premium, qui n’est évidemment pas à la portée de toutes les bourses. Le Speedmax, c’est une gamme exceptionnellement large pour un vélo de triathlon et vous pourrez bénéficier de presque tous les avantages ci-dessus énumérés à un prix moindre, en faisant quelques concessions sur le niveau d’équipement.

EN CONCLUSION

En conclusion et comme souvent, Canyon ne nous déçoit pas. Ce nouveau Speedmax est le fruit d’un vrai travail de conception pour lequel chaque aspect de la performance aura été considéré. Au final, peu de raisons de ne pas craquer et considérer ce modèle pour votre prochain achat, à condition bien sûr que votre programme de course corresponde aux nombreuses qualités de ce Speedmax