PAR GWEN TOUCHAIS
Nos amis de chez Cervélo nous annoncent coup sur coup 2 nouveautés majeures : le nouveau P5 et le P3X.
Autant l’annonce du nouveau P5 était quelque peu attendue et avait déjà fuité car la machine est déjà utilisé par l’équipe pro Sunweb, autant l’annonce du P3X est une petite surprise dont le secret aura été bien gardé !
Cervélo reste donc fidèle à sa stratégie d’offrir deux gammes distinctes de vélos chrono (P series et PX series), l’une respectant les contraintes UCI et utilisée par les professionnels sur route, l’autre dédiée aux Triathlètes avec toutes les spécificités que cela implique. Dans les deux cas nous sommes chanceux car cela nous permet de profiter de deux fois plus de choix pour atteindre nos objectifs !
L’équipe TrimaX a eu le privilège de partir 3 jours sous le soleil d’Arizona début mars afin de tester ces nouveautés, nul besoin de vous dire à quel point nous avons su profiter de cette chance.
A nous de vous livrer nos premières impressions après ces essais, il ne vous restera ensuite plus qu’à choisir entre les deux modèles !
P3X, YOUR PERSONAL BEST,
Voilà déjà trois ans que Cervélo a créé la surprise en nous dévoilant son P5X, véritable petite révolution dans le monde du triathlon puisque s’affranchissant des règles UCI et étant exclusivement dédié aux triathlètes.
Certes les plus anciens d’entre nous se souviennent que «le beam bike»(concept de vélo « poutre ») n’est pas nouveau mais encore fallait-il que Cervélo ose décliner à nouveau ce concept pour un marché niche comme le triathlon. On pourrait s’attendre d’une marque tel que Cervélo largement leader sur son marché d’être plutôt conservatrice, heureusement il n’en est rien et Cervélo ne cesse de nous surprendre en se renouvelant saison après saison !
Véritable risque pris par Cervélo avec le lancement du P5X en 2016, force est aujourd’hui de constater que le succès est au rendez-vous avec des ventes au-dessus des objectifs initiaux et nombre de victoires de par le monde.
Avec le P3X, Cervélo récidive et s’adresse donc à nouveau au triathlète longue distance, adepte de l’effort solitaire, à la recherche de confort et performance. C’est en s’appuyant sur l’expérience et les retours faits sur le P5X que l’équipe Cervélo est retournée au travail afin de nous proposer le P3X.
QUELLES SONT LES LEÇONS APPRISES DU P5X ?
Poids :Un poids ressenti comme étant trop important sur certaine configuration de
course.
Confort : Un accent mis sur le confort et la qualité du ride rejoignant l’objectif de performer sur longue distance.
Positionnement :véritable atout du modèle, une large plage de réglages disponible notamment grâce au système de potence « speed riser »
Stockage :répondant parfaitement aux exigences de l’Ironman, un système de stockage parfaitement intégré.
Prix :Trop élevé, celui-ci réserve le P5X aux plus fortunés d’entre nous.
P3X, QUOI DE NOUVEAU ?
Pour en faire une synthèse rapide : mêmes qualités de ride mais plus léger !
On garde donc les qualités du P5X mais on allège l’ensemble : vélo et prix.
Ce gain est possible grâce à une délocalisation de la production en Chine dans une usine dédiée à la production Cervélo (et Santa Cruz) afin de préserver la propriété intellectuelle des innovations de la marque.
Terminée donc la production « Made in USA » avec ENVE et HED. Cependant il ne faut pas y voir une baisse de qualité pour autant, au contraire et pour avoir essayé et testé les deux modèles, le P3X semble un cran au-dessus pour ce qui est de la finition de l’ensemble.
Cela permet aussi au P3X de gagner 254g sur la balance pour un cadre en taille M.
POSTE DE PILOTAGE,
Véritable atout lancé avec le P5X, le Speed Riser est reconduit sur le P3X et même étendu à la gamme P series puisque aussi présent sur le P5.
Cette pièce permet un ajustage rapide au millimètre à l’aide d’une simple et unique clé.
Cette pièce a été revue afin de permettre un gain significatif de poids, on passe ainsi d’initialement 14 pièces différentes la composant à seulement 7.
Le basebar a également été modifié, plus léger il perd cependant la possibilité de se « plier » afin de ranger le vélo dans sa valise semi rigide.
C’est une petite concession faite par rapport au P5X permettant cependant un gain significatif en rigidité et poids.
Il est toujours possible pour ceux le désirant d’installer un basebar de P5X sur votre P3X, les deux étant parfaitement compatibles !
Des grips spécifiques ont également été conçus en substitution d’une classique « guidoline ». La prise en main n’en est que meilleure et le confort s’avère très bon.
A noter qu’il est possible de raccourcir le basebar en le coupant au montage afin de rapprocher les changements de vitesse et poignées de frein. Le poste de pilotage offre une intégration parfaite des différents câble pour un aérodynamisme optimisé.
STOCKAGE ET HYDRATATION,
On retrouve les mêmes systèmes de stockage afin de parfaitement dissimuler votre alimentation et nécessaire de réparation. Fini le scotch les veilles de courses, chaque chose trouve sa place sur ce P3X.
Côté hydratation, Cervélo reste fidèle aux trois bidons. Pas d’hydratation intégrée, le P3X propose donc trois emplacements judicieusement choisis (entre les bras, tube diagonal et derrière la selle) qui offrent le parfait compromis sur triathlon longue distance. On emporte ainsi suffisamment de liquide tout en pouvant facilement remplacer les bidons au cours de l’épreuve.
Le système derrière la selle est à l’achat, destiné à accueillir un seul bidon puisque étant la configuration la plus aérodynamique. Toutefois, il est toujours possible d’y installer un système pouvant accueillir deux bidons pour les plus prévoyants d’entre nous.
RIGIDITÉ
L’accent a également été mis lors de la conception du cadre sur la rigidité.
Pourquoi ? Simplement pour offrir plus de polyvalence sur des parcours plus accidentés.
Avec un gain de 15% et 8% sur la rigidité respectivement du boitier de pédalier et du tube de direction, on a un vélo proposant un pilotage bien meilleur et directif.
Cette rigidité permet de bien mieux inscrire le vélo en courbe sur de vrais rails.
Surement ce vélo n’est pas encore le plus adapté pour affronter le parcours de l’Ironman de Nice, ce P3X est cependant bien plus polyvalent que ne pouvait l’être le P5X et ne se destine plus seulement aux parcours « à l’américaine ».
Côté géométrie, aucun changement puisque les tailles proposées restent les mêmes : S, M, L et XL.
Dernier point, le P3X offre un espace supérieur afin d’accommoder des roues et pneus de dimension supérieure et ce afin d’éviter tout problème de compatibilité.
A L’ESSAI
10 petites minutes, voilà le temps qu’il nous aura fallu pour ajuster le vélo à mes côtes.
Cela confirme l’ingéniosité des systèmes de réglages mais aussi l’expérience de Cervélo afin de concevoir la géométrie de leurs cadres.
Une fois sur la route, le gain de poids se fait ressentir. Avec ses 9.7kg en taille 54 on reste sur un poids relativement en haut de la fourchette, cependant la différence est assez nette par rapport à son grand frère P5x.
Ce ressenti est à mon avis autant du à sa cure d’amincissement qu’au gain de rigidité l’accompagnant.
Le P3X est ainsi bien plus à son aise en danseuse, permettant des relances bien plus incisives.
254g ont été gagnés sur le cadre mais également 77g sur le cockpit, 60g sur la tige de selle et 77g sur la bento box.
Mais ce sont sur les bouts droits qu’une fois encore le P3X révèle toutes ses qualités ! Le moindre bout droit est une invitation à la vitesse et on se délecte de pouvoir se placer en position aéro. La sortie dégénère alors forcément devenant un véritable contre-la-montre individuel parmi les testeurs présents.
180bpm, la bave aux lèvres … n’est-ce pas simplement le signe d’un vélo réussi ?
La stabilité du P3X est exceptionnelle. Seuls les USA proposent ces bouts droits descendants permettant de filer à 70km/h sur les prolongateurs (vous avez dit Hawaii ?). C’est alors que le P3X nous rappelle ce pourquoi il a été désigné, aller vite et longtemps.
Nous n’aurons pas été confrontés au vent, difficile donc d’apporter notre ressenti sur ce point. Toutefois et puisqu’il en reprend les formes, on peut supposer que le P3X est tout aussi à l’aise dans le vent que ne l’est le P5X.
POUR QUI ?
Il est surement temps de vous parler du prix du P3X. Plus abordable, le P3X n’est cependant toujours pas à la portée de toutes les bourses. Il se place dans la même gamme de prix que la concurrence pour ce qui est des «superbikes ».
Le P3X est donc proposé en deux configurations :
- Ultegra Di2, roues DT Swiss ARC 1450 au prix de
9999 euros - Ultegra Di2, roues DT Swiss P1800 au prix 7999
euros
Le P3X n’est pas disponible en Frameset pour l’instant.
Le P3X s’adresse aux triathlètes confirmés, chassant les records ou le slot sur Ironman.
Il reste particulièrement redoutable sur les parcours plats où l’aérodynamisme et le confort seront la clé de votre succès.
Ce vélo reste aussi quelque part un ovni dans l’offre Triathlon du moment. C’est l’occasion de rouler diffèrent avec un cadre qui restera surement dans l’histoire du Triathlon.
P5, SIMPLY BETTER.
Changement de programme avec la sortie de cette nouvelle mouture du P5.
Il est bon de se rappeler que dans l’industrie encore aujourd’hui le précèdent P5 demeure la valeur étalon à laquelle toutes les marques se comparent lorsqu’elles annoncent la sortie d’un nouveau vélo de contre-la-
montre. Cela suffit à montrer l’avance prise par le P5 lors de sa sortie il y a quelques années.
Depuis et lorsque qu’une marque comme Cervélo s’associe avec une équipe Pro comme la Sunweb ayant dans ses rangs un certain Tom Dumoulin, on peut s’attendre à ce que le nouveau P5 mette à nouveau la barre très haute.
Ce nouveau P5 constitue un condensé des dernières avancées technologiques mises en oeuvre par Cervélo, le tout avec pour seul objectif la performance. Les ingénieurs Cervélo ont su garder et améliorer le meilleur de la précédente mouture, des qualités telles que rigidité et aérodynamisme qui ont su faire du P5 une véritable référence sur le marché. Ils ont ainsi su créer un cadre plus léger (8.4kg en taille 54), plus rigide pour un transfert de puissance optimal et des qualités de pilotage répondant aux exigences du peloton professionnel.
Le P5 s’adresse aux athlètes avides de performance, à la recherche des gains marginaux. Si vous êtes parmi ceux-là, à la recherche de la moindre optimisation, du moindre watt … alors le P5 vous correspond
LES NOUVEAUTÉS DU P5,
Comme le P3X, le nouveau P5 incorpore le « speed riser ». Mêmes avantages donc que pour le P3X : facilités de réglages, poids, rigidité.
Le P5 se voit aussi passer au freinage à disque afin de proposer un freinage fiable et puissant.
Ce nouveau cockpit « Made in Cervélo » est une vraie réussite. Il propose en effet un large panel de réglages d’une facilité déconcertante, plus de rigidité et une intégration parfaite des différents câblages. Rien ne dépasse pour le plus grand bonheur des triathlètes pointilleux.
Côté cadre : plus léger et plus rigide. Certes ce n’est pas une surprise mais cela reste un challenge d’améliorer encore et encore les qualités d’un cadre déjà au top.
Une grosse part du travail a été effectuée comme souvent sur la boite de pédalier. Exit l’ancienne boite surdimensionnée qui contribuait à un léger gain aérodynamique, on revient à une boite de pédalier plus classique. Une légère concession aérodynamique donc sur cette zone pour obtenir un vélo plus rigide, plus léger et au comportement dynamique en courbe bien meilleur.
Enfin et même si l’intégration est moins présente que sur la série PX, le P5 s’adresse aussi aux triathlètes avec sa bento box Speedpak et la possibilité d’embarquer 3 bidons : entre les prolongateurs, sur le tube diagonal et derrière la selle. Il vous restera alors à trouver une place afin d’emporter votre kit de réparation.
Le P5 est disponible en 2 montages complets ainsi qu’en Frameset.
Il vous en coûtera 7499 euros en ultegra Di2 ou encore 11 999 euros pour le montage Dura Ace Di2, roues Enve et cage de dérailleur Ceramic Speed.
Le frameset est lui proposé au prix de 5499 euros.
A ces prix, nul besoin de préciser que Cervélo ne s’adresse pas aux triathlètes occasionnels.
On vise ici les chasseurs de chrono, les obsessionnels de la performance, les stakhanovistes de l’entrainement. On n’est alors plus dans une logique de concession.
A L’ESSAI
Commençons par la fin, c’est avec la banane et le sourire aux lèvres que j’ai terminé le test de ce nouveau P5. A mon retour, je me suis empressé de troquer ma taille 51 pour un 54 afin d’avoir un prétexte pour retourner faire un tour. A ce jour et si j’en avais les moyens, oui je craquerais bien pour cette petite merveille !
Le P5 répond à ce délicat cahier des charges de proposer un vélo de chrono qui reste utilisable et performant sur tous les types de terrain. Arme fatale pour un parcours tel que l’Ironman de Nice ? Sans aucun doute. Pour Hawaii ? Tout aussi surement.
Le freinage disque permet également d’élargir son champ d’utilisation puisque qu’il résout les éternels problèmes de réglages et freinage liés aux systèmes placés sous la boite de pédalier.
Avec ce P5, nous nous sommes permis des parcours plus variés, plus techniques sans jamais pouvoir mettre le vélo en difficulté. Comme le P3X, la stabilité est un des points forts du vélo et permet d’atteindre des vitesses de pointe redoutables sur les prolongateurs en ligne droite.
Les relances sont incisives grâce au poids contenu du vélo. Ce poids qui est un des axes de développement privilégié par Cervélo pour répondre aux attentes de la Sunweb, le tout sans sacrifier la rigidité. L’objectif initial était de pouvoir se rapprocher de la limite UCI de 6.8kg. On y est pas encore avec notre modèle de test d’un peu plus de 8kg (T54), mais l’objectif semble atteignable grâce au cadre de 1.1kg soit 350gr de moins que la précédente version du P5.
LA QUESTION À 7499 EUROS … P3X OU P5 ?
Difficile !
Personnellement j’opterais pour le P5. Pourquoi ? Habitant la Côte d’Azur, le terrain s’y prête parfaitement. Le P5 donne en plus cette impression de voler, très grisante.
Cela dit, le P3X a ce petit quelque chose qui le rend si unique. Avec un P3X on est un triathlète, on se démarque, on participe à l’histoire du triathlon d’une certaine manière.
Le P3X rentre dans cette catégorie de cadre dont on reparlera encore surement dans 20 ans, à l’instar d’un Zipp 2001 ou Corima Fox.
Et si je devais vivre dans une région plate la question se poserait à nouveau.
Dans tous les cas, le budget restera surement comme le principal frein à l’achat … le prix de la passion ou de la folie !