Dans quelques semaines, le mandat de Philippe Lescure à la Présidence de la Fédération Française de triathlon prendra fin. Il est candidat à sa propre réélection. Face à lui, un autre candidat s’est déclaré il y a quelques semaines, Florent Roy. Voici sa présentation.

Propos recueillis par Ibiza

 

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Triathlète depuis 20 ans, je suis un passionné de Triathlon. Je me suis investi dans une démarche de haut niveau entre 2001 et 2007. Cela m’a permis de courir aux côtés de notre très regretté Laurent VIDAL ainsi que de David HAUSS, Cyril VIENNOT et Sylvain SUDRIE. Quand on prend un peu de recul, il y avait une belle génération d’athlètes !

A l’époque, j’étais au coude à coude avec eux sur les championnats de France (2004 et 2005). J’étais passé en comité de sélection pour les championnats d’Europe et Pascal CHOISEL m’avait fait essayer la trifonction Equipe de France. Quelle fierté ! Un des plus beaux jours de ma vie. 15 jours plus tard, Philippe FATTORI m’appellait pour m’annoncer ma non sélection et j’en étais rassuré. En effet, si je devais représenter mon pays, c’était pour y figurer dans les meilleures conditions.

Après deux années de dur labeur, j’ai fini par accepter que mes capacités ne me permettraient pas de passer un pallier nécessaire pour performer sur la scène internationale.

 

En 2008, je fais le choix d’arrêter mon métier d’enseignant dans l’Education Nationale et je pars passer l’hiver en Australie pour vivre une expérience d’ouverture et en profiter pour enchaîner trois étés.

Juste avant de partir à l’autre bout du monde, j’assiste à l’assemblée générale de mon ancien club, Rennes Triathlon. Ce jour là, j’ai une révélation : je souhaite accompagner le développement de mon club car j’y ressens le potentiel humain et structurel.

A mon retour, je vais donc vivre à Rennes et monte, avec le comité directeur du club, un projet d’emploi pour rentrer en formation DEJEPS par alternance.

Au mois de juin, je participe à l’Ironman de Nice que je prépare en 3 mois à raison de 14h par semaine. Je termine l’épreuve en 9h53, déçu de rater une qualification à Hawaï mais heureux d’être finisher !

A partir de septembre et pendant deux années, je construis avec le Président, le projet du club autour des activités de l’école de Triathlon, de la D1, du public adulte et je développe une expertise du projet et de l’entraînement. J’ai notamment en charge l’entraînement à distance d’Alexandre BAUD qui termine 12e du championnat de France cadet 2010 et j’accompagne Félix BARON qui termine également 12e chez les minimes 2011.

En Juin 2011, mon contrat s’arrête et le club n’a ni les ressources ni le projet de développement pour me faire signer un emploi à temps complet (10k€ annuel en apprentissage, 25k€ annuel sinon).

Ces deux années de formation m’ont permis d’appréhender la position du salarié par rapport à l’investissement bénévole et sa gouvernance. C’est essentiel de pouvoir poser un cadre clair dès le départ, à la fois pour le bénévole dirigeant que pour le salarié. Ce positionnement professionnel m’a permis de prendre de la hauteur sur les attentes de chacun et la nécessité de formaliser un projet associatif.

Devant trouver une nouvelle structure, j’entends parler d’un projet potentiel sur Chartres. J’appelle alors le Président du club, Laurent MEUTELET. Après un échange téléphonique passionné de trois heures, nous arrivons à la conclusion suivante : nous devons travailler ensemble !

En septembre 2011, je commence donc à avancer sur le projet que nous avons écrit et qui est orienté vers un double objectif : démocratiser le triathlon sur le bassin chartrain et pérenniser l’emploi. Avec un budget annuel de 60k€, il y a du travail en perspective.

Le but est de faire en sorte que le boulanger du coin, à la question : « vous connaissez le triathlon ? » ne réponde pas : « Ah ! Le truc avec la carabine ? ».

La première année m’a permis d’appréhender l’environnement et de prendre en charge un entraînement structuré pour les jeunes de l’école de Triathlon. Bilan : 6 qualifiés pour les championnats de France de triathlon, une 4e place par équipe en minimes garçons et une 7e place chez les cadets pour Félix BARON qui rentre dans le processus d’Identification et d’accompagnement des Triathlètes Emergents (IATE).

A la rentrée 2012, je dis à Laurent : « tu sais Laurent, je pense qu’il va falloir embaucher un 2e salarié d’ici un ou deux ans ». Et de me répondre en riant : « Florent, tu es un doux rêveur, commence par pérenniser ton emploi ».

En effet, je ressentais qu’avec la mise en place de la section sportive scolaire et le fait de mener un projet de développement de grande envergure, la tâche allait être lourde. Sur les financements, je n’étais pas inquiet sur le fait de trouver des solutions. J’étais convaincu que ce serait simplement la conséquence du travail fourni.

Au mois de novembre, Laurent laisse la casquette de Président à Jacky GALLOPIN lors de l’Assemblée Générale. Nous adoptons un nouveau fonctionnement et nous partons en campagne pour organiser des grandes manifestations et chercher des partenaires privés.

 

Le mois suivant, je me présente au comité directeur de la Ligue du Centre afin mieux appréhender le fonctionnement et essayer d’apporter ma pierre à l’édifice.

Souhaitant vraiment m’inscrire dans une démarche de développement du Triathlon, je me présente également au conseil d’administration de la Fédération. Dernier élu, je rentre par la petite porte mais je suis extrêmement fier de pouvoir représenter les licenciés au sein de cette instance nationale. Je suis nommé Président de la Commission Nationale Jeunes et j’en suis honoré. Très enthousiaste, je m’investis donc dans l’écriture d’un projet Jeunes qui s’inscrit sur l’olympiade. Il est basé sur trois axes : démocratiser, structurer, valoriser.

Démocratiser, pour investir le secteur de l’Education Nationale, primaires, collèges et lycées.

Structurer, pour accompagner la mise en place de l’Ecole Française de Triathlon et faire évoluer la labellisation des écoles de Triathlon.

Valoriser, en créant un classement des clubs sur le Challenge National Jeunes et une réflexion pour mettre en place une plateforme d’échange afin de créer une dynamique vertueuse.

 

Au niveau de mon emploi, nous créons le projet « Trail in Chartres en Lumières », une soirée avec différents temps forts basée sur des valeurs «  sport, culture et solidarité ». Ainsi en 2013, nous réussissons à avoir la confiance de partenaires privés.

En 2014, nous continuons d’avancer puisqu’en complément du Trail (1200 participants), nous organisons les finales du championnat de France des clubs de Division 1 dans le cadre du Triathlon de Chartres Métropole, créé à mon arrivée en 2011. Nous accueillons plus de 600 participants sur le weekend. Les partenaires privés continuent de nous faire confiance et nous doublons la recette de ce secteur.

Cette même année, nous arrivons au bout de notre structuration club avec un seul salarié et à partir du mois de mars, nous nous mettons à la recherche d’une personne pour entrer en formation DEJEPS par alternance et commencer en Septembre 2014.

Doux rêveur Laurent ?

Las, malgré quelques dossiers de candidatures, nous n’arrivons pas à trouver de candidat et il faudra partir une année de plus sur le même fonctionnement.

Le trail passe un cap avec 2500 participants et le Triathlon de Chartres Métropole confirme avec 650 participants sans la finale D1. 16 jeunes cadets/junior à la demi finale jeunes, 7 qualifiés au championnat de France, la fin d’un cycle de 4 ans riche en expérience diverses.

En septembre 2015, nous trouvons un entraîneur et cela permet de sectoriser le travail avec une direction technique que je continue d’assurer mais un éducateur sportif qui prend en charge l’ensemble des entraînements. Plus de temps rime avec plus de recul et le Trail explose avec 3100 participants, le Triathlon suit le même chemin avec plus de 1000 participants. Egalement, l’Odyssée du Triathlon, une animation que l’on met en place tous les ans sur une semaine pour les écoles primaires bat un nouveau record avec 450 jeunes qui font leur premier triathlon.

Aujourd’hui, le club de Triathlon fait partie des associations les plus dynamiques et les plus connues sur le bassin chartrain. Le pari est plus que rempli avec deux salariés et une perspective de deux autres dans les deux années à venir.

Au niveau fédéral, les projets que je souhaitais développer ont connu de belles avancées.

Sur la démocratisation du Triathlon, des conventions nationales ont été passées avec l’USEP (écoles primaires) et l’UNSS (collèges et lycées) afin de servir de support pour les actions locales. Une fiche bonne pratique est en cours de réalisation.

Sur la structuration des clubs, l’Ecole Française de Triathlon est prise en main par les équipes d’encadrement et c’est un plaisir de voir que cet outil permet un accompagnement motivant pour nos éducateurs bénévoles et salariés.

La labellisation va connaître une refonte globale qui laissera la place à la vertu. Chaque projet ou action mis en place dans les écoles de triathlon sera comptabilisée. Cette labellisation permettra donc de mesurer le travail effectué au niveau du club dans la durée et pouvoir comparer ce qui se fait dans les autres structures. Dans toute structuration, une grille de lecture est nécessaire et c’est ce qui sera proposé.

Enfin, la valorisation des clubs a été actée en cours d’olympiade avec la mise en place du classement national des clubs Jeune (CNCJ). C’est un élément important pour mesurer sa progression sur l’échiquier national. Ces outils de mesure sont essentiels pour les structures et c’est le devoir de la Fédération de pouvoir les accompagner dans ce schéma de construction.

Sur l’aspect de la formation, j’interviens sur les formations BF5 et BF4. Je continue également à me former sur le BF3. En effet, je pense que la relation pédagogique est essentielle dans toute relation humaine. Je trouve riche d’être en mesure de partager son expérience et ses connaissances comme le fait de se remettre en question pour apprendre de nouvelles choses.

Aujourd’hui, je suis arrivé à un stade où les deux DEJEPS que j’ai passés, en Triathlon et en développement de projet, tous deux associés à mon expérience de terrain, m’ont permis de comprendre et d’intégrer le fonctionnement de notre Fédération et de ses acteurs de terrain. C’est dans cette logique que s’inscrit le projet que je propose pour le développement de notre sport.